[Aïkido, Bushido, Bouddhisme, Spiritualité, Philosophie Orientale, santé...]

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

lundi 20 février 2012

Les 13 renoncements indispensables à ceux qui veulent progresser dans la voie du guerrier.

Les 13 renoncements indispensables à ceux qui veulent progresser dans la voie du guerrier.

Supposons que vous soyez décidé à créer la condition mentale et physique qu'il faut pour que l'Eveil vienne. Je vous suggère de prendre les " renoncements " comme un défi à vous-même et de gagner. C'est une sorte de " guerre " intérieure (le mot est plus juste que " lutte ").
Ne croyez pas pouvoir les appliquer du premier coup, mais d'échec en échec, de prise de conscience en prise de conscience, vous finirez pas vous mettre dans l'état de propreté morale où l'Eveil pourra éclore.
Les malentendus sur ces 35 " renoncements " (en 13 catégories) sont fréquents. D'ordinaire on les discute en Groupes de Chercheurs, mais je vais me risquer à commenter les malentendus les plus fréquents.
Voici ce qu'il ne faut plus faire si vous aspirez à l'Eveil.

1. Ne plus " mentir ".
Il est rare de mentir consciemment. Mais on " ment " sans cesse aux autres et surtout à soi même… sauf sur son lit de mort. Entendons-nous bien, il n'est pas question de dire des vérités qui blesseront ou qui provoqueront des drames. Il faut apprendre à jouer sur les mots (cela devient vite très amusant). Il y a aussi des façons d'esquiver les problèmes, par exemple en posant une question à toute question. On peut aussi se taire habilement. Mais ce ne sont que des façons préparatoires pour éliminer le mensonge. L'idéal, comme en Art Martial pour le combat, est de " faire ce qu'il faut " pour ne jamais se trouver dans une situation où l'on sera contraint de devoir mentir ou de dire une vérité qui blesse il y a de nombreuses Histoires de Sagesse sur cette question.

2. Ne plus " jouer ".
Là aussi je suis souvent navré de voir que l'on comprend mal cette condition. Par " jouer " on entend " jouer un rôle " et " déconner ".
C'est aussi ce qui fait plaisir sur le moment, mais qui va bloquer dans l'avenir, une régression négative telle que s'amuser pour s'étourdir (drogue naturelle, nous plongeant encore plus dans le " sommeil "). Normalement, un " Eveillé " n'a plus à jouer pour " passer le temps " ; mais " ne plus jouer " ne signifie pas cesser de jouer pour se dépenser physiquement, pour exercer sa précision ou son intuition, ou pour le plaisir de retrouver momentanément la spontanéité de son enfance (régression positive). Les Maîtres sont très gais et très drôles : il n'y a aucune raison de " tuer " l'enfant qui est en nous. Au contraire, l'idéal est de retrouver l'innocence et la pureté de notre enfance, car en nous existent trois " personnes " : l'enfant qui nous étions et que nous sommes encore, le parent lorsque nous imitons l'un de nos parents, l'adulte dans les rares cas sérieux.

3. Ne pas chercher à connaître le " jardin secret " des autres.
La curiosité est très positive, mais il y a des curiosités dites " malsaines ". Par exemple, on me pose souvent des questions indiscrètes sur les défauts de certains Maîtres célèbres. C'est un très mauvais signe d'éveil. Qu'importe le travers des Maîtres, c'est ce qu'ils ont enseigné de positif qui compte. Si l'on renonce à ce genre de " curiosité " sans intérêt (malsaine même) on arrivera au stade où l'on aura une certaine répulsion à voir "par le trou de la serrure" les feuilletons TV où des acteurs se disputent, intriguent, pour toujours les trois même raisons : la position dominante, le cul, le fric… comme au Zoo, section des singes (le fric, pour eux, étant les "caouettes"). Mais il peut être utile de voir quels jardins secrets certains croient cacher, comme lors des débats politiques où sont courants les non dits, langues de bois, mensonges et oppositions systématiques.

4. Ne pas parler d'Arts Martiaux, ni de " Recherche d'Eveil ".
Classiquement on doit être tellement discret que tout le monde doit ignorer que vous pratiquer un Art Martial ou que vous aspirez à vous " éveiller ". Les raisons sont multiples. Même " bavarder " sur ces sujets avec vos amis de " Recherche " n'est pas conseillé, ces bavardages sont comparables à parler de " lumière " et de " couleur " entre aveugles de naissance et il y a un risque de développer les " pièges d'illusion ". Lorsque vous n'aurez plus envie de parler de Recherche, d'Eveil, de Sagesse ou d'Art Martial… ce sera un bon signe d'évolution. Vous serez probablement dans l'Eveil sans vous en rendre compte. Car, ce qui est amusant, c'est que s'il existe de nombreux Hommes qui ignorent être dans un état hypnotique léger, " absents ", il existe aussi des " Eveillés " qui s'ignorent. C'est vous dire combien il est délicat de juger les autres, d'autant qu'il y a des niveaux d'Eveil. Buddha était un… 10e Dan d'Eveil, l'Eveil suprême…mais il y a aussi les 1er Dan et même les 6e Kyu.

5. Ne pas parler de politique, de guerres et d' " injustice ".
Rien de tel que la politique pour se disputer entre amis et considérer que les autres sont des " cons ". Or, lors des élections, partout dans le monde " démocratique ", on arrive toujours à peu de chose près à 50/50 des voix pour et contre. Il y a comme un défaut quelque part, non ?
Les guerres et les conflits armés ont toujours une base d'intérêts personnels derrière une façade d'honneur patrie etc.
Quant à justice-injustice ce sont des choses très relatives (tout dépend de la période : vous êtes décorés si vous tuez en temps de guerre, vous êtes condamnés à mort si vous tuez en temps de paix…), et subjectives (" toujours plus " et " jamais assez "). De toutes façons, reconnaissons qu'en parler ne changera en rien le cours des choses… Ce sont ceux qui ont le pouvoir qui décident.

6. Ne pas parler de choses " ménagères " :
Toilettes, vêtements, beauté, âge. Comme dit le dicton : " les goûts et les couleurs ne se discutent pas ". Ces renoncements datant de nombreux siècles, vous noterez qu'il n'est pas dit " ne pas téléphoner plus de 2 minutes ", mais vous devriez vous y exercer. C'est un temps largement suffisant pour dire l'essentiel… si l'on ne s'engage pas dans les états d'âme. La plupart des Maîtres refusent les conversations au téléphone ou sont très brefs " parce que l'on y dit ce que l'on ne dirait pas les yeux dans les yeux ". C'est tout dire.

7.Ne pas parler de soi, de son passé, de ses goûts personnels, de ses aïeux, de ses parents, de son origine, pays, ville, race, religion, de différence de sexe ni de sexualité… (*)
C'est cruel de le constater : rares sont ceux qui s'intéressent à vous (" le cimetière est plein d'hommes qui se croyaient indispensables et intéressants "). Et même, leur faux intérêt n'a souvent pour but que de vous mettre en condition pour qu'ils parlent d'eux. Ce n'est même pas pour jouer au ping-pong d'idées. Faites cette expérience significative par jeu (encore un " bon " jeu) : si vous avez commencé une longue explication, arrêtez vous à la fin d'une phrase si votre interlocuteur tousse, détourne le regarde, baille ou autre… il est rare qu'il se rende compte que vous n'avez pas fini votre " histoire " ou de donner votre " avis ", et il se mettra aussitôt à parler. La vérité est que, lorsque vous parliez, vous l'empêchiez de parler.
En règle général, il faut arriver à ne parler que lorsqu'on vous a posé plusieurs fois des questions précises. Et même dans ce cas il est toujours intéressant de répondre par une question, ou de poser les mêmes questions à votre interlocuteur, en lui demandant ce qu'il répondrait et en lui donnant (surtout) l'impression que c'est lui le plus important et que vous êtes " insignifiant " ou " médiocre " (bien entendu, suggestion à ne pas appliquer dans un entretien d'embauche ou de boulot…)

8. Ne pas critiquer ni juger.
Cette condition primordiale, particulièrement importante dans le domaine des Arts Martiaux, va être difficile à respecter, car en jugeant et en critiquant les autres, on se sent à bon compte et artificiellement " supérieur ". L'ennui est qu'en trichant ainsi, on ne peut espérer " Etre " un jour, et qu'en s'attachant aux défauts des autres on finit par les imiter et que l'on ne peut voir leurs qualités. Ne pouvant s'inspirer des qualités des autres, on reste " petit ". L'autre ennui de juger et de critiquer est que l'on tombe dans les 8 pièges d'illusion classiques. Enfin, attendu que l'on ne peut valablement juger que ce qui nous est inférieur… il y a de quoi s'étonner d'être entouré de si nombreux " experts charlatans " et " petits juges " cherchant à abaisser les autres pour se sentir en haut de leur pyramide… virtuelle. Egalement, pourquoi rechercher les ennuis puisque si l'on critique et juge… on va automatiquement suggérer aux autres de mieux nous observer et… nous serons inévitablement critiqués (" pour vivre heureux vivons cachés "). Ce qui ne sera jamais à notre avantage (attendu que nous ne serons jamais " parfaits " à leurs yeux).

9. Ne pas être envieux, jaloux, possessif, coléreux.
Ces comportements, sources de " douleurs " (comme on dit en bouddhisme pour les peines et les ennuis) sont également dus à une vision faussée du monde (extérieur) et une fausse échelle de valeurs (échelle de ce qui est le plus important). Ces travers, nés du " sommeil ", proviennent également de régressions négatives (infantiles ou rituel animal) et de la peur. Peur de " perdre un acquis " (pour jalousie et possession) et peur de " perdre une position dominante " (pour la colère). La colère est un signe de " peur ".

10. Ne pas chercher à " progresser " vite.
Tout Homme ignorant, " non éveillé ", a envi de progresser le plus vite possible, parce qu'il croit que sa progression viendra d'acquis nouveaux, supplémentaires.
Or, " tout est à redécouvrir en nous ". Ce n'est pas " ajouter " qu'il faut faire, mais " enlever " (" libérer " ce qui bloque). Le Travail à effectuer est " en creux ", comme " image traditionnelle " on enlève des pelures à un oignon. De toutes façons, on peut réduire le temps de certaines fonctions (en enlevant des blocages) mais on ne peut pas, par la volonté, s'éveiller " vite ", pas plus que l'on ne peut pas… dormir " vite ". En plus, ce ne sont pas les grands efforts qui peuvent nous faire " progresser ", l'autosatisfaction qu'ils entraînent bloque et incite à être irrégulier. Ce sont les petits " gains " quotidiens qui font évoluer " aussi vite que possible " (selon votre détermination, votre persévérance et selon vos dons.)

11. Ne pas rechercher des " pouvoirs " tels que l'efficacité pour être le N°1…
(ce qui est relatif, on est le meilleur parmi des moins bons), chercher la fortune (plus on la voudra plus elle fuira), rechercher des pouvoirs paranormaux (tels que transmission de pensée, transes, lévitation, etc….), la " forme " par doping, drogues etc… chercher à connaître l'avenir par divination, astrologie, magie, etc. Ce genre de " curiosité malsaine " type prouve l'absence d'intuition et de jugement de cause à effet, donc de " sommeil "… et, comme dit l'autre, " je ne suis pas superstitieux parce que ça porte malheur "… ça porte malheur, parce que devenant de plus en plus " endormi " on fait de plus en plus d'erreurs. Des " pouvoirs " peuvent venir grâce à l'Eveil, c'est vrai comme épiphénomène (ce qui s'ajoute à l'Essentiel sans le modifier), mais jamais l'inverse.

12. Ne pas avoir besoin de " communication " avec les autres.
Le besoin de " communiquer ", de parler et la crainte de se retrouver seul avec soi, montrent à quel point on a peur de faire face à ce que l'on est. On veut " communiquer "… faire du bruit, comme dans les poulaillers. Si la plupart des monastères (dans toutes les religions et toutes les cultures), et si les Dojo imposent le silence, c'est qu'il est essentiel. Une chose est certaine, plus l'homme évolue, moins il a besoin de parler (du moins avec les " endormis "). Si bien que l'on a souvent (à un certain stade à la tentation de s'isoler, de devenir ermite. Mais en évitant les chocs de la vie sociale, on peut facilement tomber dans l'illusion d'avoir atteint l'Eveil.

13. Ne pas chercher à " aider " les autres.
Il est stupéfiant de constater que les Hommes les plus endormis ou les moins doués sont toujours ceux qui veulent aider ou conseiller ou rectifier les " erreurs " des autres. Avant d'aider il faut s'aider soi même et Etre. Il faut aussi apprendre quand et comment aider. Il est exact qu'aider c'est " payer " (rendre ce que l'on a fait pour vous) mais on ne doit " aider " que si on vous le demande à plusieurs reprises en insistant. Si on ne vous demande rien, c'est que vous ne devez pas aider. Ce n'est pas une règle absolue, mais je vous suggère de vous méfier de ceux qui veulent vous aider, vous conseiller, ou vous corriger… lorsque vous ne leur avez rien demandé.

(*) Apprendre à se taire :
A propos de " ne plus parler de… ", il me semble important de vous préciser que l'on n'entend pas seulement " ne pas bavarder ", " se taire ", " ne rien dire "… avec sa langue et ses lèvres, mais qu'il ne faut pas non plus verbaliser au fond de la gorge. On doit finir par ne plus parler dans sa tête… si l'on ne veut pas se retrouver, un jour, en train de se parler tout seul, et même de finir schizophrène (un trouble mental qui touche les deux tiers des… fous internés, et les quatre tiers des… emmerdeurs.)
Il ne faut pas, non plus, confondre se taire volontairement (…" mais je n'en pense pas moins ! ") et se taire naturellement parce que l'on n'a plus besoin de faire du bruit avec la bouche.. et que l'on se fiche totalement de ce qui est devenu sans réel intérêt. Cela semble impossible, mais c'est moins difficile qu'il n'y parait à première vue. Bien entendu, il faut s'y exercer et " s'amuser " (en voilà un " jeu " qu'il est bon !) à se créer une " plage de silence mental ", de temps en temps, au Dojo ou dans la rue par exemple, et durant cette " plage " de " vite-plein " être à la fois relaxé et ultra-vigilant (comme les chats le sont), ou regarder tout avec le même œil attentif non critique (sans comparer, sans juger) du petit enfant qui découvre tout. Observer le regard des enfants, pur, attentif, " présent ", lorsqu'ils sont dans leur poussette ou portés dans les bras ; ils voient tout, ils sont fabuleusement observateurs et vigilants… par rapport à vous.

Extrait du site http://www.lesartsmartiaux.com/

lundi 2 novembre 2009

A méditer

Management :

- Une bonne baise vaut mieux qu'un long discours ...

- ...

vendredi 4 juillet 2008

Arrêtez les pendules... / Funeral Blues...

Adaptation d'un poème de Wystan Hugh Auden

Lire la suite

jeudi 17 mai 2007

Le vide

Un moine alla trouver un maître Zen reconnu pour sa peinture.

- Dessinez-moi s'il vous plaît "l'essence" de cette situation : "agir avec le coeur, voir sa nature essentielle et devenir un Bouddha".

Le maître éclaboussa le moine à l'encre de chine, puis peint son énervement et lui montra.
- J'ai fini la peinture... Voici l'essence.
- Pouvez vous maintenant dessiner "la nature essentielle" afin que je puisse la voir ?
- Montrez-moi d'abord "la nature essentielle" et je la peindrai ensuite.

La "nature essentielle" se trouve à l'intérieur de chacun. Elle est intègre et ne manque de rien. Il nous incombe de la découvrir par nous-mêmes car aucun autre chemin nous y conduit.

Extrait de la BD "Soyons Zen" de Tsai Chih Chung

jeudi 12 avril 2007

De l'importance accrue des facultés mentales sur les facultés techniques

Un jour un célèbre maître de sabre Tsukahara Bokuden voulut mettre ses fils à l'épreuve. Pour commencer, il fit appeler Hikoshiro, l'aîné des trois. En ouvrant la porte du coude, celui-ci la trouva plus lourde qu'à l'accoutumée et, en passant la main sur la tranche supérieure de la porte, constata qu'on avait disposé, en équilibre, un lourd appui-tête en bois. Il l'enleva, entra puis le remis exactement comme il avait trouvé.

Bokuden fit alors venir son fils cadet, Hikogoro. Quand celui-ci poussa la porte, l'appui-tête tomba mais il le rattrapa en vol et le remit à sa place.

Bokuden fit enfin appeler son benjamin Hikoroku, le meilleur, et de loin, au maniement du sabre. Le jeune homme poussa puissamment la porte et l'appui-tête tomba, heurtant son chignon. En un éclair, il dégaina le sabre court qu'il portait à la ceinture et trancha l'objet avant qu'il ne touchât le tatami.

À ses trois fils, Bokuden déclara: -"C'est toi Hikoshiro, qui transmettra notre méthode de maniement du sabre. Toi, Hikogoro, en t'entraînant ardemment, peut-être égaleras-tu, un jour, ton frère. Quand a toi, Hikoroku, tu conduiras certainement un jour notre école à sa perte et attireras l'opprobre sur ton patronyme. Je ne peux pas donc m'offrir le luxe de garder un individu aussi imprudent dans mes rangs ». Sur ces vertes paroles il le désavoua. Cela illustre parfaitement l'importance accrue des facultés mentales sur les facultés techniques.

L'art de combattre sans armes

Le célèbre Maître Tsukahara Bokuden traversait le lac Biwa sur un radeau avec d'autres voyageurs. Parmi eux, il y avait un samouraï extrêmement prétentieux qui n'arrêtait pas de vanter ses exploits et sa grande maîtrise du sabre. A l'écouter, il était champion toutes catégories du Japon. C'est ce que semblaient croire tous les autres voyageurs qui l'écoutaient avec une admiration mêlée de crainte. Tous? pas vraiment, car Bokuden restait à l'écart et ne paraissait pas le moins du monde gober cet amas de sornettes. Le samouraï s'en aperçut et, vexé, il s'approcha de Bokuden pour lui dire :

- "Toi aussi tu portes une paire de sabres. Si tu es samouraï, pourquoi ne dis tu pas mots ?" Bokuden répondit calmement :

-"Je ne suis pas concerné par tes propos. Mon art est bien différent du tien. Il consiste, non pas à vaincre les autres, mais à ne pas être vaincu."

Le samouraï se gratta le crâne et demanda :

-"Mais alors, quelle est ton école ?"

-"C'est l'art de combattre sans armes."

-"Mais dans ce cas, pourquoi portes tu des sabres ?"

-"Cela m'oblige à rester maître de moi pour ne pas répondre aux provocations. C'est là un défi de tous les jours."

Exaspéré le samouraï continua :

-"Et tu penses vraiment pouvoir combattre avec moi sans sabre?"

-"Pourquoi pas? il est même possible que je gagne!"

Hors de lui le samouraï cria au passeur de ramer vers le rivage le plus proche, mais Bokuden suggéra qu'il était préférable d'aller sur une île, loin de toute habitation, pour ne pas provoquer d'attroupement et être plus tranquille. Le samouraï accepta. Quand le radeau atteignit une île inhabitée, le samouraï sauta à terre et dégaina son sabre, prêt au combat.

Bokuden enleva soigneusement ses deux sabres, les tendit au passeur et s'élança pour sauter à terre, quand, soudain, il saisit la perche du batelier, puis dégagea rapidement le radeau pour le pousser dans le courant.

Bokuden se retourna vers le samouraï qui gesticulait dans tous les sens sur l'île déserte et il lui cria :

-"Tu vois, c'est cela l'art de combattre sans arme !"

mercredi 19 juillet 2006

Ah, Bon ?

Le maître Zen Hakuin, vivait au Japon. Bien des gens venaient l'écouter dispenser ses enseignements spirituels. un jour, la fille adolescente de son voisin tomba enceinte. Les parents de cette dernière se mirent en colère et la réprimandèrent pour connaître l'identité du père. La jeune fille leur avoua finalement qu'il sagissait d'Hakuin. Les parents en colère se précipitèrent chez lui et lui dirent en hurlant et en l'accusant que leur fille avait avoué qu'il était le père de l'enfant. Il se contenta de répondre: "Ah bon ?"

La rumeur se répandit. Le maître perdit sa réputation et plus personne ne vint le voir. Mais cela ne le dérangea pas. Il resta impassible. Quand l'enfant vint au monde, les parents le menèrent à Hakuin en disant "Vous êtes le père, alors occupez-vous en!" Le maître prit grand soin de l'enfant. Un an plus tard, prise de remords, la jeune fille confessa à ses parents que le véritable père de l'enfant était le jeune homme qui travaillait chez le boucher. Alarmés, les parents se rendirent chez Hakuin pour lui faire des excuses et lui demander pardon. "Nous sommes réellement désolé. Nous sommes venus reprendre l'enfant. Notre fille a avoué.."

La seule chose qu'il dit en tendant le bébé aux parents fut: "Ah, bon ?"

Hakuin réagit de façon identique au mensonge et à la vérité, aux bonnes nouvelles et aux mauvaises nouvelles. Il dit "ah, bon?". Il permet à la forme que prendre le moment, bonne ou mauvaise d'être ce qu'elle est. Ainsi, il ne prends pas part au mélodrame humain. Pour lui il n'y a que ce moment tel qu'il est. Les événements ne sont pas personnalisés et il n'est la victime de personne. Il fait tellement un avec ce qui arrive que rien n'a de pouvoir sur lui. C'est seulement quand nous résistons à ce qui arrive que nous sommes à la merci du monde, et c'est lui qui détermine votre bonheur ou votre malheur. L'adversité se transforme en félécité grâce à son absence de résistance. Et, répondant encore à ce que le moment présent exige de lui, il rend l'enfant quand c'est le moment de le faire.

vendredi 7 juillet 2006

La tortue et les deux hérons

La sécheresse faisait rage dans la province du Hou Nan. Ainsi les 2 forts beaux hérons Tching et Tchang décidèrent-ils de migrer vers le nord à la recherche de lieux plus hospitaliers. Mais ils cohabitaient depuis toujours avec Pi-Houan une vieille tortue à la lourde carapace ; et malgré son mauvais caractère elle gardait pour eux le logis pendant leurs longues pêches, aussi ne purent ils se résoudre à l'abandonner. Il fût décidé qu'ils l'emmèneraient avec eux.

Dès le lendemain matin, ils tinrent conseil sur la façon de la transporter. Il fût décider de couper un bâton solide, que tching et tchang tiendraient, chacun par un bout, tandis que pi-houan le mordrait en son milieu. Ce procédé comportait des risques car le vol se faisait à haute altitude et si dame pi-houan en venait à ouvrir la bouche, elle se fracasserait au sol.

Une heure après un décollage difficile, le trio volait à un rythme régulier , traversant la campagne isolée. Plus tard, les premiers champs apparurent. Les paysans qui y travaillaient aperçurent l'étrange équipage : « Voyez cette tortue, comme elle est intelligente ! s'exclama l'un d'eux. Elle se fait transporter par deux hérons ! » Pi huan se garda bien de répondre, mais savourait les compliments. Puis ils survolèrent la ville, là encore on entendit : « Est ce la reine des tortue, avez-vous remarqué ce brillant équipage ? Quelle façon intelligente de voyager ! » Plus loin encore ils survolèrent une prairie, ou des petits bergers les montrairent du doigts : « Regardez ces deux hérons, disait l'un d'eux, ils emmènent cette balourde de tortue, sans doute pour agrémenter leur repas du soir, comme ils sont intelligents ! _ Stupides bergers, vous n'y comprenez rien ! » voulut s'écrier pi-houan. Mais à peine avait elle ouvert la bouche qu'elle lâchait le bâton et s'écrasait sur le sol, la carapace éclatée. Les deux hérons descendirent en vol plané, ils arrachèrent une plume grise, une plume blanche de leur ailes en signes de deuil ; ils tournèrent un instant au dessus de leur pauvre amie et disparurent bientôt dans le lointain.

  • Morale du conte

Le sage, dit le maître du zen, accueille d'un cœur égal la flatterie ou le mépris. Il est semblable à la flamme d'une bougie, qui monte droite et claire, et qui, au moindre souffle, ne faseye. Nul ne peut nous agresser moralement sans notre consentement, c'est nous qui ouvrons les écluses au chagrin. Aucune injure ne pouvait faire lâcher prise à la tortue. L'insulte, le mépris, l'anathème représentent l'opinion de celui qui les profère, c'est son problème, pas le notre. Il se peut au demeurant que le blâme soit justifié, nous l'acceptons comme tel. Qui est parfait ? Il se peut aussi qu'il soit erroné, partial, injuste, laissons le alors dans la bouche de celui qui l'a prononcé. Notre paix, notre destin, sont entre nos mains. « Entre nos dents », bougonne le fantôme de la tortue.

jeudi 17 novembre 2005

Sagesse...

La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisament grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit.

De leurs ennemis, les sages apprennent bien des choses.

On ne reçoit pas la sagesse; il faut la découvrir soi-même.

Le sage est celui qui sait s'entourer de gens plus intelligents que lui.

Le sage regarde la vie et la mort comme le matin et le soir.

Le sage observe tout; le sot fait des observations sur tout.

Le sage, c'est celui qui lit à la fois dans les livres et dans la vie.

Il y a plus de sagesse dans nos silences que dans nos paroles.

Faire preuve de sagesse, c'est tenir son impatience par la bride.

Connaître les autres, c'est la sagesse, mais se connaître soi-même, c'est la sagesse suprême.

Le sage, c'est celui qui sait s'entourer de gens plus intelligents que lui.

Faire preuve de sagesse, c'est tenir son impatience par la bride.

La connaissance s'acquiert par l'étude; la sagesse, par l'observation.

Ceux qui savent ne parlent pas. Ceux qui parlent ne savent pas. Le sage enseigne par ses actes, non par ses paroles.

La grande sagesse est d'en arriver à ce qu'il ne pleuve jamais "en-dedans" quelle que soit la température de l'extérieur.

Quand le sage pointe la lune, l'idiot regarde le doigt.

Même les plus sages et les plus grands de ce monde connaissent le chagrin et l'échec; mais contrairement à nous, ils ont appris qu'il n'est pas de repos sans effort, pas de joie sans chagrin, pas de victoire sans combat et que c'est le prix qu'il nous faut payer pour vivre.

La sagesse de reconnaître et reconnaître la sagesse conduit à la sagesse et à l'intelligence de la vertu.

Ce sont les tonneaux vides qui résonnent le plus fort. Les sages, eux, écoutent plus qu'ils ne parlent.

Chaque matin, en ouvrant les yeux, on assiste à un miracle. Malheureusement, seuls ceux qui ont des cheveux blancs le réalisent.

Il ne faut pas mépriser ses rides. Regardez-les bien dans un miroir; ils racontent tous vos rires et vos chagrins... toute votre vie en somme...

Un grain de sagesse: réglez d'abord le petit problème qui vous concerne afin de recommencer à neuf le lendemain matin.

La sagesse n'est pas un don gratuit. C'est une vertu que l'on cultive sans jamais atteindre la perfection.

Si vieillesse pouvait!... Elle referait les mêmes bêtises mais en prenant moins de risques.

La patience est le joyau qui orne la couronne de la sagesse.

mercredi 21 septembre 2005

Les 3 caractéristiques de l'existence dans le bouddhisme

Tout ce qui existe dans l'univers est soumis à trois caractéristiques :

  • anicca. Toute chose est limitée à une certaine durée et par conséquent, amenée à disparaître.
  • dukkha. Toute chose est insatisfaisante. Il n'y a rien sur quoi on puisse se fier, il n'y a rien qui puisse apporter un vrai bonheur.
  • anatta. Toute chose est dépourvue d'en-soi. Il n'y a pas d'entité propre, rien ne peut être contrôlé.

Même si nous l'oublions lorsque nous sommes plongés dans un moment de plaisir, chacun d'entre nous a conscience que l'existence est remplie de souffrances, de tracas, d'insatisfactions en tous genres et que cela ne s'arrête jamais. Cette caractéristique (dukkha) qui est une évidence, est décrite dans toutes les écoles de pensée, dans tous les systèmes religieux.

La notion de non permanence (anicca) est moins manifeste. Elle est néanmoins souvent décrite dans les systèmes religieux et philosophiques.

Quant à la caractéristique d'absence d'en-soi (anatta), c'est une notion totalement nouvelle dont seul Bouddha parle. C'est de loin le point le plus subtil et essentiel de toutes les connaissances. Il est la base de toute compréhension du dhamma.

Accédez aux trois enseignements propres à chacune des trois caractéristiques...

Anicca : l'aspect de la non permanence

Anicca est un mot pali composé de deux mots : "nicca" et la particule privative "a". "nicca", c'est l'idée de permanence, de continuité. anicca, cela signifie l'absence de continuité, l'absence de permanence. anicca est une loi universelle qui s'applique à tous les phénomènes de l'univers, à toutes nos expériences sensibles.

Tout ce qui se passe dans le monde, dans nos perceptions, est sujet à disparaître, aussitôt que c'est apparu. Ce qui marque l'aspect de non permanence, l'aspect de changement, est justement que les phénomènes apparaissent. C'est au moment où un phénomène se produit qu'on est particulièrement informé de son aspect de non permanence car avant qu'il apparaisse il n'était pas là, et ensuite il est là, il vient d'apparaître. Il y a donc eu un changement, et cela, particulièrement lorsqu'un phénomène apparaît. Ensuite, ce phénomène va durer un certain temps, et il va disparaître inéluctablement. S'il est apparu, il est obligatoire qu'il finisse par disparaître. Cela est valable pour tout, il n'y a pas d'exception.

anicca est une caractéristique commune à tous les phénomènes, à toutes les réalités qui relèvent de nos expériences sensibles, conscientes.

Ainsi, notre conscience est en perpétuelle mutation et toutes nos expériences, même s'il s'agit d'expériences de méditation, d'expériences de transcendance ou d'expériences mystiques, sont des expériences en mutation. Si nous arrivions à atteindre par le biais de la méditation des états transcendants, d'unification, tels qu'ils nous sont décrits dans la littérature spirituelle, nous pourrions imaginer avoir touché à une substance éternelle. Une substance immuable qui ne soit pas soumise à cette loi de la non permanence. C'est précisément parce qu'on a atteint cette expérience, que le fait de l'avoir atteint, montre clairement qu'elle est sujette au changement. Pourquoi ? Parce qu'avant, cette expérience n'était pas atteinte. Il y a donc quelque chose qui vient de commencer, qui est un état fusionnel de conscience, résultant d'un entraînement à divers exercices spirituels ou diverses méditations. Ce n'est donc pas encore le refuge que nous cherchons, de stabilité, d'éternité. En fait, ce refuge n'existe pas.

Il y a essentiellement deux catégories d'entraînements que nous pouvons suivre. Il y a des entraînements qui entrent dans la catégorie de ce que nous appelons samatha et des entraînements qui entrent dans la catégorie de ce que nous appelons vipassaná.

vipassaná est un terme pali qui signifie la vision directe, la vision supérieure. Vision supérieure dans le sens qu'elle est supérieure aux autres, car elle est directe, c'est une vision directe de la réalité.

Qu'est-ce que la réalité ? La réalité est un fait qui est inéluctable, qui est universellement vérifié et qui s'applique à tous les phénomènes. Ce fait est triple :

  • Tous les phénomènes qui sont apparus vont disparaître.
  • Tous les phénomènes sont assujettis et soumis à la loi de la non permanence et du changement, anicca.
  • Tous les phénomènes qui sont apparus durent un certain temps. Ils durent un certain temps, mais ils ne durent pas longtemps. Ils durent toujours trop longtemps quand ils sont insatisfaisants et jamais assez longtemps quand ils sont plaisants.

Ils véhiculent de ce fait une propriété d'insatisfaction. Leur présence est déjà source d'insatisfaction, on appelle cela dukkha. Puis, ces phénomènes cessent, disparaissent indépendamment de notre volonté, de notre contrôle. Ils disparaissent quand il est nécessaire qu'ils disparaissent. Quand les causes finissent par être absentes, les phénomènes disparaissent. Ce caractère incontrôlable des phénomènes, on l'appelle anatta. C'est l'absence de caractéristiques d'en soi, l'absence de contrôle, l'absence de directive.

Dukkha : La souffrance

Dukkha veut dire la douleur, la peine, la souffrance. C'est une caractéristique dominante dans le monde dans lequel nous vivons. Selon Bouddha, le seul fait de vivre est marqué par la caractéristique de dukkha, qui est la peine qui se manifeste sous toutes ses formes. Ce peut être la peine qu'on éprouve dans la tristesse, dans la misère ou dans les difficultés de la vie. Ce peut être aussi la peine qu'on peut ressentir lorsqu'on est saturés de plaisir, à tel point que l'objet du plaisir devient lui-même dégoûtant et répulsif. C'est la peine d'être séparé de ceux que l'on aime, mais c'est aussi celle de devoir supporter la présence des êtres que nous n'aimons pas. C'est la peine de ne pas vivre dans des endroits où l'on n'aimerait vivre et aussi celle d'être obligé de vivre dans des endroits où nous ne voulons pas vivre.

D'une manière ou d'une autre, que nous le voulions ou non, de nombreuses situations dans lesquelles nous nous trouvons sont pénibles. On a parfois accusé l'enseignement de Bouddha d'être pessimiste à cause de cette affirmation et on dit quelques fois que le monde n'est pas si pénible que ça parce qu'il y a de l'espoir. Il y a l'espoir d'un monde meilleur, l'espoir de gagner un paradis, de créer un monde plus heureux, de construire un environnement qui soit plus humain, plus équilibré. Lorsque les gens disent ainsi que le monde n'est pas si malheureux car il y a de l'espoir, Bouddha, dans son enseignement, à tendance à nous dire que c'est justement parce qu'il y a de l'espoir que cela montre que le monde est bien plus malheureux qu'on ne le pense

Anatta sous l'aspect théorique

Présentation

Voici la doctrine la plus subtile, la plus difficile à comprendre et en même temps la plus parfaite qui n'ait jamais été exposée dans l'histoire de l'humanité. Sa particularité est qu'elle ne peut être découverte, enseignée, révélée et rapportée que par un Bouddha omniscient, un "tathágata", c'est-à-dire un être parfait.

C'est ce qu'il s'est passé il y a vingt-cinq siècles en arrière, lorsque, en renonçant au monde, aux plaisirs des sens, à toute ambition et à tout projet, le prince Siddhatta s'est absorbé dans diverses pratiques et exercices spirituels. Toujours insatisfait de ce à quoi ils mènent, il est parvenu à une expérience, à une réalisation complète, au terme de laquelle il a pu alors enseigner cette doctrine nouvelle, inconnue avant lui, et qui n'est enseignée nulle part ailleurs que par ses élèves qui lui ont succédé.

Il est important de bien comprendre que la doctrine d'anatta, telle qu'elle est enseignée et exposée dans ce qu'on appelle le theraváda, est totalement inconnue dans tout autre système de pensée ou tout autre système d'exégèse que ce soit, y compris dans le bouddhisme moderne dit spéculatif, c'est-à-dire le bouddhisme "mahayána".

À l'origine, le moine Gotama, l'éveillé, celui qu'on appelle Bouddha, a découvert ce principe. Il a découvert une chose radicalement nouvelle dans le développement de toutes les traditions spirituelles de l'humanité. Il exposera cette découverte sous le nom d'anatta.

Il est important que, chacun à son niveau, arrive à avoir au moins une compréhension basique et accessible de ce qu'est anatta.

Il n'y a que ceux qui ont obtenu la pleine réalisation, qui sont parvenus à l'arahanta, c'est-à-dire l'éveil complet, qui ont une capacité de réflexion et d'investigation extrêmement vaste, complète et subtile dans cette doctrine. Ceux qui ne sont pas arrivés à ce stade ne peuvent avoir qu'une compréhension partielle, tronquée, leur capacité d'investigation est plus limitée. Quant à ceux qui n'ont jamais vu nibbána de leur vie, ils n'arriveront pas à avoir une compréhension juste et efficace de cette doctrine. Néanmoins, quelqu'un de très versé sur les écritures, de très érudit, dont l'aptitude intellectuelle est suffisamment développée, arrivera tout de même à se faire une assez bonne idée de la chose, ou disons plutôt pas trop mauvaise.

anatta est un mot pali, et non pas un mot sanskrit, qui n'a absolument rien à voir avec son équivalent sanskrit "anatman". Si Bouddha s'est refusé à employer la langue sanskrite, s'il a choisi d'utiliser son dialecte natal, qui est le dialecte "magadha", c'est qu'il y a une raison.

Bouddha est quelqu'un qui prétend avoir acquit l'omniscience. C'est-à-dire la capacité à tout savoir sur tout. C'est précisément fort de cette omniscience (prétendue, à la limite qu'en savons-nous si cela est vrai ?) qu'il a fait des choix, autant en ce qui concerne ce qu'il a voulu éviter que pour ce qu'il a voulu cultiver.

Le dialecte pali

L'une des cinq conditions pour qu'un "tathágata" (un bouddha) apparaisse dans le monde est qu'il apparaisse dans cette région particulière de l'Inde actuelle, appelée le "majjhimadesa" qui signifie la région du milieu, la région moyenne, car géographiquement elle se situe à moyenne distance entre les côtes, les montagnes et les forêts. C'est un peu le cœur de la péninsule indienne. Aussi, c'est dans cette région que le dialecte magadha est employé. Plus tard, de par le fait que la parole de Bouddha a été écrite sur papier, qu'elle est devenue canonisée, on emploiera le terme "páli" qui peut se traduire par "canon". Pour faire référence à ce dialecte, nous avons alors remplacé le mot "magadha" par le mot "páli".

En páli, la signification littérale du mot anatta se découpe comme suit : "a" qui est la particule privative, qu'on retrouve d'ailleurs en équivalant en français et "atta" qui est la particule réflexive, traduite en anglais par "self" et qui n'a pas véritablement d'équivalent en un seul mot français. On dit généralement "en soi". À savoir que les formes telles que "m', t', s'"que nous employons en français seront justement exprimées en páli par le terme "atta".

Bouddha n'employait pas de termes techniques. Il refusait d'employer les mots sanskrits qui font référence à des techniques spirituelles et à des croyances religieuses ou mystiques. Il employait des mots de la langue de tous les jours, précisément utilisés par le peuple du magadha pour les choses de la vie de tous les jours. Il n'y a pas dans le páli un vocabulaire propre à l'enseignement, à des idées, des conceptions philosophiques ou religieuses. Aussitôt que l'on souhaitait enseigner ces choses-là, on utilisait alors le sanskrit. À savoir que le sanskrit et le páli sont très proches l'un de l'autre mais ne sont pas pour autant identiques.

La traduction du mot anatta

anatta est donc la conjonction de deux particules : La particule privative et la particule désignant l'idée de réflexivité, de réciprocité. Si on voulait trouver un terme français pour synthétiser anatta, on pourrait dire : "absence d'un soi", "absence de ce qui est en soi", "absence d'une nature propre".

Très souvent, le mot anatta est traduit dans la littérature par le "non-ego" ou le "non soi". Cette traduction est tout à fait inconvenable. Même si, par extension et par déduction, l'idée d'anatta suggère l'absence d'ego, de soi, d'âme, le mot anatta en lui-même (c'est le cas de le dire) ne signifie pas "absence d'ego", "absence de soi" ou "absence d'âme". Il y a d'autres termes pour désigner cela en páli. En anglais, on est obligé d'employer un mot comme "not self" ou "none self" parce que les Anglais ont dans leur vocabulaire un mot désignant la particule réflexive qui est "self". Par exemple, "myself" signifie "moi-même", "himself" signifie "lui-même". On retrouve donc exactement comme en páli l'ajout de la particule "self" pour désigner "soi-même". C'est pourquoi les Anglais ont légitimement traduit le mot anatta par "not self" ou "none self".

Le problème est que, lorsque nous avons commencé à traduire en français, nous avons essentiellement traduit à partir des sources anglaises. Donc naturellement, les intellectuels français, qui pour la majorité d'entre eux n'ont pas compris grand-chose à l'enseignement de l'éveillé, ont traduit "not self" par "non soi". Cela est une erreur qui malheureusement induit une mauvaise compréhension dans l'esprit de la majorité des lecteurs francophones.

Ceci étant dit, en sanskrit, le mot "anatman" peut véhiculer effectivement l'idée de "absence de soi", "absence d'âme", "absence d'ego". Mais il s'agit là d'un mot sanskrit et pas d'un mot pali. C'est justement en s'appuyant sur ce mot sanskrit que les traducteurs se sont donnés la liberté exagérée de traduire le mot anatta par le mot "non soi", "non-ego" ou "non âme".

L'absence "d'en soi"

anatta, c'est l'absence "d'en soi", applicable à toute chose, à toute idée, à toute caractéristique et à tout phénomène matériel ou mental. À partir de là, on peut, bien entendu, donner des détails et des explications afin de comprendre que dans tel ou tel cas, dans tel ou tel domaine, c'est de cette manière que la doctrine d'anatta s'exprime ou se fait ressentir. La description type que vous avez peut-être déjà entendue est de dire par exemple : Prenons une charrette. Cette charrette est soumise à la loi d'anatta. On ne peut pas dire qu'il existe véritablement une charrette. En effet, si on la démonte pièce par pièce et qu'on l'étale sur le sol, on ne peut plus dire qu'il y a une charrette. Pourtant, toutes les pièces sont présentes.

Il s'agit d'une manière assez superficielle et assez facile d'essayer de faire comprendre l'idée d'anatta, mais qui a pour inconvénient de rester campée sur cette idée d'absence de substance, de noyau ou d'âme. Or, il est intéressant de constater que lorsqu'on demanda à Bouddha lui-même, et il est important de savoir ce que LUI a exposé comme étant anatta, il n'a pas pris l'exemple de la charrette. Ce n'est pas lui qui a pris cet exemple. C'est un de ses élèves qui, pour se faire comprendre de quelqu'un, a pris cet exemple. On prend aussi parfois l'exemple d'une vache découpée en morceaux sur l'étal du boucher.

Lorsque Bouddha explique anatta

Lorsque Bouddha expose ce qu'il conçoit comme étant cette caractéristique d'absence d'en soi, il choisit une manière différente et, on s'en serait douté, remarquablement efficace. Il dit : « Il n'y a pas dans ce corps de "atta". Parce que s'il y avait dans ce corps "atta", à ce moment, "atta" aurait la possibilité de décider ou de choisir que ce corps soit ainsi ou qu'il ne soit pas ainsi. »

On retrouve cette démonstration dans de nombreux sutta. Tout au long de sa vie, il emploie très souvent cette technique pour faire comprendre cet exposé. Voici comment il procède...

Quelqu'un est convaincu qu'il y a dans ce corps une substance, un noyau, une entité, ou en tout cas que ce corps et cet esprit sont l'émanation d'un principe immuable, inconditionné et éternel.

Bouddha dit à celui-ci :

« Ce corps, est-ce qu'il est immobile, immuable ou est-ce qu'il est changeant ? — Il est soumis au changement (vieillesse, maladie, décrépitude, etc.), noble Vénérable. — Ce qui est soumis au changement, est-ce qu'il est source de plaisir ou est-ce qu'il est source d'insatisfaction ? — Ce qui est soumis au changement est source d'insatisfaction, Seigneur. — Comment ce qui est source d'insatisfaction peut-il être considéré comme notre propriété ? »

Il faudrait être fou pour garder dans les mains un charbon ardent, source de douleur. Il faudrait être fou pour garder ce corps, source de transformations et d'insatisfactions. C'est là le point particulier que Bouddha aborde dans sa démonstration sur anatta. C'est l'idée d'absence totale de contrôle. Ce n'est pas seulement l'idée qu'il n'y a pas de propriétaire, ni d'entité. C'est aussi l'idée d'absence de contrôle. anatta suggère l'absence totale de contrôle.

Par exemple, nous voudrions arrêter de vieillir. Nous voudrions garder un corps jeune, dynamique, souple et si possible beau et séduisant. Cependant, il y a un processus naturel de vieillissement qui est incontrôlable. Il n'y a aucun moyen de contrôler cela, non seulement parce qu'il n'y a personne, qu'il n'y a pas d'individu, qu'il n'y a pas d'ego, mais aussi parce qu'il est impossible de contrôler cela. Cela s'explique simplement par le fait qu'il n'y a pas dans la matière du corps, un agent qui puisse contrôler la matière. Il n'y a pas de "self-contrôle", il n'y a pas un agent d'autocontrôle. La matière ne peut pas se contrôler elle-même. Il en va de même pour le mental, il ne peut pas contrôler la matière et la matière ne peut pas contrôler le mental.

Voilà pour l'aspect un peu théorique. Essayons de voir cela d'une manière un peu plus pratique, rapportée à notre quotidien...

http://www.dhammadana.org

Bouddhisme Theravâda (la voie des anciens)

Siddhatta fut un homme qui vecu aux pieds des Himalaya, il y a plus de 2500 ans. Il trouva par lui même l'éveil total et parfait, appellé en langue Palî le Nibbâna, la fin de la souffrance due au cycle des renaissances. Le développement immense d'actes méritoires étaient parvenus à maturité, et dès lors il fut connu sous le nom de "Bouddha", "l'éveillé", possédant l'omniscience. Le Théravâda est l'école des anciens, celle qui à travers le temps a réussit à préserver le Dhamma originel du Bouddha. Etant donné l'altération profonde actuelle des enseignements du Bouddha, c'est une chance de pouvoir encore accéder à la réalité qu'enseigne le Dhamma. (Le Dhamma est : "La doctrine, l'enseignement du Bouddha, la vérité, la chose, ...")

Voici les notions principales propres au bouddhisme Théravâda.

Le samsara :

Le cycle des existences, des morts et des renaissances, la roue de la vie. Il est décrit tel une errance à travers les temps, sans début ni fin apparente. Il est régit par la loi du Kamma.

Kamma :

L'Action, l'acte. La loi du kamma est celle de rétribution des actes bénéfiques, neutres ou négatifs dans la vie présente ou les vies futures.

Les 3 caractéristiques (du samsâra) :

Trois caractéristiques conditionnent tous les phénomènes ainsi que nous même dans le cycle de la vie:

  • Anicca : l'impermanence.
  • Dukkha : la souffrance, l'insatisfaction.
  • Anatta : le non-soi, la non existence propre des choses.

Le Nibbâna :

L'extinction (du désir, de la haine, de l'illusion). Etat non-conditionné, objet épargné par anicca, dukkha, et anatta; hors du samsâra. La fin du monde phénoménal, la fin de la souffrance, le but des enseignements du Bouddha.

Les 4 nobles vérités :

La base des enseignements du Bouddha. Il a ennoncé l'existence de ces 4 nobles vérités:

  • 1. Dukkha : la souffrance, l'insatisfaction. Caractérisée par la naissance, la vieillesse, la maladie, la mort, et la renaissance.
  • 2. L'origine de la souffrance. (L'ignorance, l''attachement au monde des phénomènes, les racines du désir, la co-production conditionnée)
  • 3. L'existence de la cessation de la souffrance, le Nibbâna.
  • 4. Le sentier menant à la fin de la souffrance.

Le noble chemin octuple: Compréhension juste, pensées justes, paroles justes, actions justes, moyens d'existences justes, efforts justes, attention juste, concentration juste.

Les 5 agrégats :

Composants des êtes humains, facteurs d'attachements.

  • L'agrégat de la matière (les 5 sens : vue, odorat, goût, ouïe, toucher)
  • L'agrégat des sensations
  • L'agrégat des perceptions
  • L'agrégat des formations mentales
  • L'agrégat de la conscience.

Les 10 Kilesâs (impuretés du mental) :

  • Les vues erronées
  • Le doute stérile
  • La croyance en l'efficacité des rituels
  • Le plaisir des sens
  • L'aversion
  • La passions pour les états d'existences supérieures
  • La passion pour les spères informelles, états d'existences immatérielles
  • L'agitation
  • L'orgueil
  • L'ignorance

Magga (la voie du Bouddha) :

La Vipassana : La vision pénétrante, la vue profonde. La méditation prennant chaque phénomène observé tour à tour comme objet.

Fait d'observer et de noter mentalement toutes les apparitions et disparitions dues aux 5 agrégats, en prennant pour base le mouvement de la respiration. Se pratique dans la position assise (le dos droit et les jambes croisées), mais aussi en marche lente et attentive et dans le quotidien. C'est la seule méthode menant à Nibbâna, la libération de l'être du samsâra.

  • Satipatanna : Etablissement de l'attention.
  • Dâna : Pratique du don, de la générosité.
  • Sîla : Pratique de la vertu, de la conduite éthique.
  • Bhâvana : Développement de la concentration, de la méditation.
  • Pannâ : Connaissance transcendante.

Les 4 stades d'évolution de magga (la voie) :

  • Sotâpanna : Celui qui est entrer dans le courant.
  • Sakâdâgâmi : Celui qui ne revient qu'une seule fois.
  • Anâgâmi : Celui qui dans l'état de non-retour.
  • Arahant : Le méritant. Dernière étape de la voie de la libération, il a complètement éliminé les souillures mentales.

Les 5 préceptes du Bouddhisme :

  • S'abstenir de tuer des êtres vivants.
  • S'abstenir de mentir.
  • S'abstenir de voler, de prendre ce qui ne nous appartient pas
  • S'abstenir de relations sexuelles illégitimes, être fidèle
  • S'abstenir de boire de l'alcool, des drogues.

Les préceptes représentent la base vertueuse permettant le déveleppement de la pratique, la purification du mental, la compréhension du Dhamma. Le bouddhisme permet de se libérer des croyances aveugles, et d'abandonner un à un les attachements aux rituels, aux désirs, aux illusions, aux aversions. Soyez attentifs, soyez lucides, soyez vigilants, contrôlez vos passions, écoutez le Dhamma et prennez conscience de la réalité des trois caractéristiques et du samsâra, sortez de l'ignorance et de l'aveuglement, adoptez les quatres nobles vérités, développez les actions méritoires et persévérez dans la voie. Evitez les enseignements bouddhistes payant et ammenant la confusion, malheureusement les plus représentés en France. Ne croyez pas en les maîtres pour vous libérer mais chercher plutôt des guides de méditations (vipassana) pour y arriver, par vous même.

jeudi 15 septembre 2005

Le shinto

Le shinto, ou « Voie des dieux », est la religion officielle de l’Etat japonais. Très ancienne, on en retrouve les premières traces dans deux écrits très important de la mythologie shinto : le Kojiki (Chronique des choses anciennes) et le Nihon Shoki (Chronique du Japon). Il s’agit d’une religion animiste, basée sur le caractère divin de la Nature et de l’Univers, et ses manifestations sous formes de Kami, les dieux de la cosmogonie shinto. La mythologie shinto décrit l’histoire du Japon à partir d’un âge situé il y a environ quinze mille ans, appelé Kannagara. A cette époque, les hommes étaient conscients de leur nature si proche de celle des dieux ; ils ignoraient les principaux vices comme l’égoïsme, la jalousie…, et vivaient en étroite communication avec les dieux. L’une de ses différences avec les religions occidentales est le fait que le concept de divinité n’est pas vu sous un aspect anthropomorphique et omnipotent. L’Univers entier forme une unité dans laquelle règnent l’harmonie et la justice des lois de la Nature. Assez complexe, elle est à la source des nombreux rites que l’on pratique encore aujourd’hui au Japon.

Maître Ueshiba a été fortement influencé par l’esprit de cette religion, et l’on pouvait trouver de nombreuses allusions mythologiques dans les discours qu’il tenait pendant ses cours et ses conférences. Les deux pratiques les plus importantes qu’il a tenu à transmettre et qu’il considérait comme primordiales pour une pratique correcte de l’aïkido étaient la purification ou Misogi, qu’il a hérité notamment de Bonji Kawatsura (1862-1929), ainsi que l’étude du Kototama, apprise avec Onisaburo Deguchi.