A telle âme telle arme
Par enka, samedi 2 juillet 2005 à 17:33 :: Contes :: #31 :: rss
"Le sabre est l'âme du samouraï ", nous dit l'une des
plus vieilles maximes du bushido, la Voie du guerrier. Symbole de virilité,
de loyauté et de courage, le sabre est l'arme favorite du samouraï.
Mais dans la tradition japonaise le sabre est plus qu'un symbole philosophique
: c'est une arme magique. Il peut-être maléfique ou bénéfique
selon la personnalité du forgeron et du propriétaire. Le sabre
est comme le prolongement de ceux qui le manient, il s'imprègne mystérieusement
des vibrations qui émanent de leur être. Selon la vision l'antique
religion shinto, la fabrication d'un sabre est une véritable alchimie
où l'harmonie intérieure du forgeron est plus importante que ses
capacités techniques. Avant de forger une lame, le maître armurier
passait plusieurs jours en méditations variées, puis il se purifiait
en procédant à des ablutions d'eau froide. Revêtant des
vêtements blancs, il se mettait alors au travail, dans les meilleurs conditions
intérieures pour donner naissance à une arme de qualité.
Masamune et Murasama étaient d'habiles armuriers forgerons qui vivaient
au début du XIV siècle. Tous les deux forgeaient des sabres d'une
très grande qualité. Murasama, au caractère violent, était
un personnage taciturne et inquiétant. Il avait la sinistre réputation
de forger des lames redoutables qui poussaient leurs propriétaires à
de sanglants combats ou qui, parfois, blessaient son porteur. Ces armes eurent
très vite la réputation d'être assoiffées de sang
et furent tenues pour maléfiques. Par contre Masamune était un
forgeron d'une très grande sérénité qui se livrait
à un rituel de purification systématiquement pour forger ses lames.
Elles sont considérées comme les meilleures du pays. Un homme,
qui voulait tester la différence de qualité entre les modes de
fabrication des deux armuriers, plaça un sabre de Murasama dans un cours
d'eau. Chaque feuille dérivant à la surface, qui touchait la lame,
fut coupée en deux. Ensuite, un sabre fabriqué par Masamune fut
placé dans le cours d'eau. Les feuilles semblaient éviter la lame.
Aucune d'elles ne fut coupé, elles glissaient toutes intactes, le long
du tranchant comme si celui-ci voulait les épargner. L'homme rendit son
verdict : " La Murasama est terrible, la Masamune est humaine!"
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