Le taoïsme est initialement une philosophie qui tire des enseignements de l'observation de la nature et des énergies vitales, où les contraintes s'engendrent et se complètent dans un mouvement infini. Ses principes de base ont notamment influencé des écoles de pensée comme le confucianisme et le bouddhisme. Tout le monde a entendu parler du yin et yang et de l'aphorisme du papillon !

Les Chinois primitifs ont d'abord connu une religion de type animiste où la nature et ses phénomènes étaient divinisés. Sur ce fond ancien s'est greffé une philosophie ou plutôt une conception du monde dont l'initiateur est Lao-zi (prononcer "Lao Tseu", c'est-à-dire "le Vieux"), contemporain de Confucius, aux Vème - VIème siècles avant J.C. ; selon la tradition, ces deux philosophes majeurs se seraient peut-être rencontrés.

Plus tard, à partir du IIème siècle de notre ère, s'est développé un taoïsme religieux avec des rituels formalisés. A la pensée de Lao-Tseu se sont adjoints pratiques ésotériques, cultes des esprits et diverses superstitions.

Au VIIème siècle, la rencontre de la sagesse taoïste et du bouddhisme indien a donné naissance au bouddhisme chan qui se répandra au Tibet et sera le précurseur du zen au Japon.

Tout comme la pensée confucéenne a durablement modelé la vie sociale et politique des Chinois, le taoïsme philosophique a profondément imprégné leur pensée spirituelle. Aujourd'hui encore, il cohabite avec des croyances populaires mais toujours avec un grand principe commun : la reconnaissance du principe des contraires.

Le principe philosophique du Tao

Tao est un mot chinois, aujourd'hui écrit dao, qui porte le sens de la voie, de chemin. Il implique aussi une idée de mouvement qui suggère de le traduire par "cours des choses". En effet, le Tao n'a ni début ni fin, il contient tout : le temps, les choses et leur contraire. Pour un taoïste, l'univers englobe chaque être dans un courant infini qui s'écoule inexorablement en équilibrant les forces opposées ; rien n'est stable ni indépendant, toutes choses sont mouvantes et interdépendantes.

L'observation de la nature révèle la dynamique des énergies vitales yin et yang, principes contraires qui ne sont pas dualistes mais complémentaires. L'équilibre de ces forces constitue le tao, il faut abandonner le raisonnement et accompagner le cours des choses en pratiquant le "non-agir", une forme de renoncement ou de contemplation qui mène à l'harmonie intérieure.

Yin et Yang

Le tao est par nature indicible, seuls les symboles permettent à l'imagination de la saisir. Les plus connus de ces symboles sont le yin et le yang. Le tai ji, cercle partagé en deux parties, yin et yang, est fréquemment représenté dans les pays imprégnés de taoïsme. Il apparaît en particulier dans le drapeau coréen. Le cercle est l'image de la sphère de l'univers, la partie supérieure est le yang, de couleur claire, la partie inférieure, le yin de couleur sombre. Le dessin fait apparaître une interpénétration du yin et du yang et donne une impression de mouvement continu sur lui-même. Le yin féminin, froid, passif, absorbant ... tandis que le yang est masculin, chaud, actif, pénétrant.

Fleurs, fruits ou animaux se répartissent tous entre yin et yang. L'art de la peinture cherche aussi à symboliser cet équilibre de la nature en combinant, par exemple, des montagnes (yang) et des nuages (yin).

Les textes classiques de la Voie

Selon Lao Tseu, il est vain de traduire le principe de Tao par des mots car il ne s'explique pas, il se ressent : la connaissance de la vrai nature des choses ne s'acquiert pas par le raisonnement logique mais s'expérimente en opérant un vide mental parfait. Les taoïstes disposent néanmoins de textes majeurs, dont le Dao-Jiu ("Classique de la voie de la vertu"), un ensemble de sentences et d'aphorismes écrits en prose rythmée que l'on attribue à Lao-Tseu. Un autre grand texte classique est le Zhuang-zi, du nom de son auteur, maître taoïste qui vécut au IVème siècle av. J.-C.

L'aphorisme du papillon

La littérature taoïste abonde en paraboles, dont la plus célèbre a pour auteur Zhuang-zi (Chuang chou) : Une nuit, il rêva qu'il était un papillon, voletant ça et là avec insouciance, et ignorant qu'il était Zhuang-zi. Il se réveilla brusquement, très surpris de se retrouver Zhuang-zi. Ne sachant plus qui il était, il se demanda : "Comment puis-je savoir si j'étais un homme rêvant qu'il était un papillon, ou si je suis un papillon rêvant qu'il était un homme?"

Cet aphorisme est fréquemment cité pour exprimer la relativité de toute chose, l'aléatoire de la réalité attachée à un moment, l'expérience intérieure du Tao comme prise de conscience intuitive et immédiate.

Le tai chi chuan

La gymnastique encore pratiquée par des millions de Chinois, le tai chi chuan, parfois nommé "combat contre l'ombre", est d'inspiration taoïste. Cet art martial dit "interne" met en application le principe du "calme dans le mouvement". Les nombreuses postures s'enchaïnent avec lenteur pour ne plus former qu'un seul mouvement continu où se réconcilient les contraires : union de l'intérieur et de l'extérieur, du haut en bas, du plein et du vide ...

Le terme « taoïsme » fait référence à la fois à la philosophie et à la religion taoïste. Sans doute plus que tout autre école de pensée, le taoïsme a contribuer à façonner la culture chinoise et extrême-orientale, et en particulier dans les domaines de la médecine et de la science traditionnelles.