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mercredi 21 septembre 2005

Les 3 caractéristiques de l'existence dans le bouddhisme

Tout ce qui existe dans l'univers est soumis à trois caractéristiques :

  • anicca. Toute chose est limitée à une certaine durée et par conséquent, amenée à disparaître.
  • dukkha. Toute chose est insatisfaisante. Il n'y a rien sur quoi on puisse se fier, il n'y a rien qui puisse apporter un vrai bonheur.
  • anatta. Toute chose est dépourvue d'en-soi. Il n'y a pas d'entité propre, rien ne peut être contrôlé.

Même si nous l'oublions lorsque nous sommes plongés dans un moment de plaisir, chacun d'entre nous a conscience que l'existence est remplie de souffrances, de tracas, d'insatisfactions en tous genres et que cela ne s'arrête jamais. Cette caractéristique (dukkha) qui est une évidence, est décrite dans toutes les écoles de pensée, dans tous les systèmes religieux.

La notion de non permanence (anicca) est moins manifeste. Elle est néanmoins souvent décrite dans les systèmes religieux et philosophiques.

Quant à la caractéristique d'absence d'en-soi (anatta), c'est une notion totalement nouvelle dont seul Bouddha parle. C'est de loin le point le plus subtil et essentiel de toutes les connaissances. Il est la base de toute compréhension du dhamma.

Accédez aux trois enseignements propres à chacune des trois caractéristiques...

Anicca : l'aspect de la non permanence

Anicca est un mot pali composé de deux mots : "nicca" et la particule privative "a". "nicca", c'est l'idée de permanence, de continuité. anicca, cela signifie l'absence de continuité, l'absence de permanence. anicca est une loi universelle qui s'applique à tous les phénomènes de l'univers, à toutes nos expériences sensibles.

Tout ce qui se passe dans le monde, dans nos perceptions, est sujet à disparaître, aussitôt que c'est apparu. Ce qui marque l'aspect de non permanence, l'aspect de changement, est justement que les phénomènes apparaissent. C'est au moment où un phénomène se produit qu'on est particulièrement informé de son aspect de non permanence car avant qu'il apparaisse il n'était pas là, et ensuite il est là, il vient d'apparaître. Il y a donc eu un changement, et cela, particulièrement lorsqu'un phénomène apparaît. Ensuite, ce phénomène va durer un certain temps, et il va disparaître inéluctablement. S'il est apparu, il est obligatoire qu'il finisse par disparaître. Cela est valable pour tout, il n'y a pas d'exception.

anicca est une caractéristique commune à tous les phénomènes, à toutes les réalités qui relèvent de nos expériences sensibles, conscientes.

Ainsi, notre conscience est en perpétuelle mutation et toutes nos expériences, même s'il s'agit d'expériences de méditation, d'expériences de transcendance ou d'expériences mystiques, sont des expériences en mutation. Si nous arrivions à atteindre par le biais de la méditation des états transcendants, d'unification, tels qu'ils nous sont décrits dans la littérature spirituelle, nous pourrions imaginer avoir touché à une substance éternelle. Une substance immuable qui ne soit pas soumise à cette loi de la non permanence. C'est précisément parce qu'on a atteint cette expérience, que le fait de l'avoir atteint, montre clairement qu'elle est sujette au changement. Pourquoi ? Parce qu'avant, cette expérience n'était pas atteinte. Il y a donc quelque chose qui vient de commencer, qui est un état fusionnel de conscience, résultant d'un entraînement à divers exercices spirituels ou diverses méditations. Ce n'est donc pas encore le refuge que nous cherchons, de stabilité, d'éternité. En fait, ce refuge n'existe pas.

Il y a essentiellement deux catégories d'entraînements que nous pouvons suivre. Il y a des entraînements qui entrent dans la catégorie de ce que nous appelons samatha et des entraînements qui entrent dans la catégorie de ce que nous appelons vipassaná.

vipassaná est un terme pali qui signifie la vision directe, la vision supérieure. Vision supérieure dans le sens qu'elle est supérieure aux autres, car elle est directe, c'est une vision directe de la réalité.

Qu'est-ce que la réalité ? La réalité est un fait qui est inéluctable, qui est universellement vérifié et qui s'applique à tous les phénomènes. Ce fait est triple :

  • Tous les phénomènes qui sont apparus vont disparaître.
  • Tous les phénomènes sont assujettis et soumis à la loi de la non permanence et du changement, anicca.
  • Tous les phénomènes qui sont apparus durent un certain temps. Ils durent un certain temps, mais ils ne durent pas longtemps. Ils durent toujours trop longtemps quand ils sont insatisfaisants et jamais assez longtemps quand ils sont plaisants.

Ils véhiculent de ce fait une propriété d'insatisfaction. Leur présence est déjà source d'insatisfaction, on appelle cela dukkha. Puis, ces phénomènes cessent, disparaissent indépendamment de notre volonté, de notre contrôle. Ils disparaissent quand il est nécessaire qu'ils disparaissent. Quand les causes finissent par être absentes, les phénomènes disparaissent. Ce caractère incontrôlable des phénomènes, on l'appelle anatta. C'est l'absence de caractéristiques d'en soi, l'absence de contrôle, l'absence de directive.

Dukkha : La souffrance

Dukkha veut dire la douleur, la peine, la souffrance. C'est une caractéristique dominante dans le monde dans lequel nous vivons. Selon Bouddha, le seul fait de vivre est marqué par la caractéristique de dukkha, qui est la peine qui se manifeste sous toutes ses formes. Ce peut être la peine qu'on éprouve dans la tristesse, dans la misère ou dans les difficultés de la vie. Ce peut être aussi la peine qu'on peut ressentir lorsqu'on est saturés de plaisir, à tel point que l'objet du plaisir devient lui-même dégoûtant et répulsif. C'est la peine d'être séparé de ceux que l'on aime, mais c'est aussi celle de devoir supporter la présence des êtres que nous n'aimons pas. C'est la peine de ne pas vivre dans des endroits où l'on n'aimerait vivre et aussi celle d'être obligé de vivre dans des endroits où nous ne voulons pas vivre.

D'une manière ou d'une autre, que nous le voulions ou non, de nombreuses situations dans lesquelles nous nous trouvons sont pénibles. On a parfois accusé l'enseignement de Bouddha d'être pessimiste à cause de cette affirmation et on dit quelques fois que le monde n'est pas si pénible que ça parce qu'il y a de l'espoir. Il y a l'espoir d'un monde meilleur, l'espoir de gagner un paradis, de créer un monde plus heureux, de construire un environnement qui soit plus humain, plus équilibré. Lorsque les gens disent ainsi que le monde n'est pas si malheureux car il y a de l'espoir, Bouddha, dans son enseignement, à tendance à nous dire que c'est justement parce qu'il y a de l'espoir que cela montre que le monde est bien plus malheureux qu'on ne le pense

Anatta sous l'aspect théorique

Présentation

Voici la doctrine la plus subtile, la plus difficile à comprendre et en même temps la plus parfaite qui n'ait jamais été exposée dans l'histoire de l'humanité. Sa particularité est qu'elle ne peut être découverte, enseignée, révélée et rapportée que par un Bouddha omniscient, un "tathágata", c'est-à-dire un être parfait.

C'est ce qu'il s'est passé il y a vingt-cinq siècles en arrière, lorsque, en renonçant au monde, aux plaisirs des sens, à toute ambition et à tout projet, le prince Siddhatta s'est absorbé dans diverses pratiques et exercices spirituels. Toujours insatisfait de ce à quoi ils mènent, il est parvenu à une expérience, à une réalisation complète, au terme de laquelle il a pu alors enseigner cette doctrine nouvelle, inconnue avant lui, et qui n'est enseignée nulle part ailleurs que par ses élèves qui lui ont succédé.

Il est important de bien comprendre que la doctrine d'anatta, telle qu'elle est enseignée et exposée dans ce qu'on appelle le theraváda, est totalement inconnue dans tout autre système de pensée ou tout autre système d'exégèse que ce soit, y compris dans le bouddhisme moderne dit spéculatif, c'est-à-dire le bouddhisme "mahayána".

À l'origine, le moine Gotama, l'éveillé, celui qu'on appelle Bouddha, a découvert ce principe. Il a découvert une chose radicalement nouvelle dans le développement de toutes les traditions spirituelles de l'humanité. Il exposera cette découverte sous le nom d'anatta.

Il est important que, chacun à son niveau, arrive à avoir au moins une compréhension basique et accessible de ce qu'est anatta.

Il n'y a que ceux qui ont obtenu la pleine réalisation, qui sont parvenus à l'arahanta, c'est-à-dire l'éveil complet, qui ont une capacité de réflexion et d'investigation extrêmement vaste, complète et subtile dans cette doctrine. Ceux qui ne sont pas arrivés à ce stade ne peuvent avoir qu'une compréhension partielle, tronquée, leur capacité d'investigation est plus limitée. Quant à ceux qui n'ont jamais vu nibbána de leur vie, ils n'arriveront pas à avoir une compréhension juste et efficace de cette doctrine. Néanmoins, quelqu'un de très versé sur les écritures, de très érudit, dont l'aptitude intellectuelle est suffisamment développée, arrivera tout de même à se faire une assez bonne idée de la chose, ou disons plutôt pas trop mauvaise.

anatta est un mot pali, et non pas un mot sanskrit, qui n'a absolument rien à voir avec son équivalent sanskrit "anatman". Si Bouddha s'est refusé à employer la langue sanskrite, s'il a choisi d'utiliser son dialecte natal, qui est le dialecte "magadha", c'est qu'il y a une raison.

Bouddha est quelqu'un qui prétend avoir acquit l'omniscience. C'est-à-dire la capacité à tout savoir sur tout. C'est précisément fort de cette omniscience (prétendue, à la limite qu'en savons-nous si cela est vrai ?) qu'il a fait des choix, autant en ce qui concerne ce qu'il a voulu éviter que pour ce qu'il a voulu cultiver.

Le dialecte pali

L'une des cinq conditions pour qu'un "tathágata" (un bouddha) apparaisse dans le monde est qu'il apparaisse dans cette région particulière de l'Inde actuelle, appelée le "majjhimadesa" qui signifie la région du milieu, la région moyenne, car géographiquement elle se situe à moyenne distance entre les côtes, les montagnes et les forêts. C'est un peu le cœur de la péninsule indienne. Aussi, c'est dans cette région que le dialecte magadha est employé. Plus tard, de par le fait que la parole de Bouddha a été écrite sur papier, qu'elle est devenue canonisée, on emploiera le terme "páli" qui peut se traduire par "canon". Pour faire référence à ce dialecte, nous avons alors remplacé le mot "magadha" par le mot "páli".

En páli, la signification littérale du mot anatta se découpe comme suit : "a" qui est la particule privative, qu'on retrouve d'ailleurs en équivalant en français et "atta" qui est la particule réflexive, traduite en anglais par "self" et qui n'a pas véritablement d'équivalent en un seul mot français. On dit généralement "en soi". À savoir que les formes telles que "m', t', s'"que nous employons en français seront justement exprimées en páli par le terme "atta".

Bouddha n'employait pas de termes techniques. Il refusait d'employer les mots sanskrits qui font référence à des techniques spirituelles et à des croyances religieuses ou mystiques. Il employait des mots de la langue de tous les jours, précisément utilisés par le peuple du magadha pour les choses de la vie de tous les jours. Il n'y a pas dans le páli un vocabulaire propre à l'enseignement, à des idées, des conceptions philosophiques ou religieuses. Aussitôt que l'on souhaitait enseigner ces choses-là, on utilisait alors le sanskrit. À savoir que le sanskrit et le páli sont très proches l'un de l'autre mais ne sont pas pour autant identiques.

La traduction du mot anatta

anatta est donc la conjonction de deux particules : La particule privative et la particule désignant l'idée de réflexivité, de réciprocité. Si on voulait trouver un terme français pour synthétiser anatta, on pourrait dire : "absence d'un soi", "absence de ce qui est en soi", "absence d'une nature propre".

Très souvent, le mot anatta est traduit dans la littérature par le "non-ego" ou le "non soi". Cette traduction est tout à fait inconvenable. Même si, par extension et par déduction, l'idée d'anatta suggère l'absence d'ego, de soi, d'âme, le mot anatta en lui-même (c'est le cas de le dire) ne signifie pas "absence d'ego", "absence de soi" ou "absence d'âme". Il y a d'autres termes pour désigner cela en páli. En anglais, on est obligé d'employer un mot comme "not self" ou "none self" parce que les Anglais ont dans leur vocabulaire un mot désignant la particule réflexive qui est "self". Par exemple, "myself" signifie "moi-même", "himself" signifie "lui-même". On retrouve donc exactement comme en páli l'ajout de la particule "self" pour désigner "soi-même". C'est pourquoi les Anglais ont légitimement traduit le mot anatta par "not self" ou "none self".

Le problème est que, lorsque nous avons commencé à traduire en français, nous avons essentiellement traduit à partir des sources anglaises. Donc naturellement, les intellectuels français, qui pour la majorité d'entre eux n'ont pas compris grand-chose à l'enseignement de l'éveillé, ont traduit "not self" par "non soi". Cela est une erreur qui malheureusement induit une mauvaise compréhension dans l'esprit de la majorité des lecteurs francophones.

Ceci étant dit, en sanskrit, le mot "anatman" peut véhiculer effectivement l'idée de "absence de soi", "absence d'âme", "absence d'ego". Mais il s'agit là d'un mot sanskrit et pas d'un mot pali. C'est justement en s'appuyant sur ce mot sanskrit que les traducteurs se sont donnés la liberté exagérée de traduire le mot anatta par le mot "non soi", "non-ego" ou "non âme".

L'absence "d'en soi"

anatta, c'est l'absence "d'en soi", applicable à toute chose, à toute idée, à toute caractéristique et à tout phénomène matériel ou mental. À partir de là, on peut, bien entendu, donner des détails et des explications afin de comprendre que dans tel ou tel cas, dans tel ou tel domaine, c'est de cette manière que la doctrine d'anatta s'exprime ou se fait ressentir. La description type que vous avez peut-être déjà entendue est de dire par exemple : Prenons une charrette. Cette charrette est soumise à la loi d'anatta. On ne peut pas dire qu'il existe véritablement une charrette. En effet, si on la démonte pièce par pièce et qu'on l'étale sur le sol, on ne peut plus dire qu'il y a une charrette. Pourtant, toutes les pièces sont présentes.

Il s'agit d'une manière assez superficielle et assez facile d'essayer de faire comprendre l'idée d'anatta, mais qui a pour inconvénient de rester campée sur cette idée d'absence de substance, de noyau ou d'âme. Or, il est intéressant de constater que lorsqu'on demanda à Bouddha lui-même, et il est important de savoir ce que LUI a exposé comme étant anatta, il n'a pas pris l'exemple de la charrette. Ce n'est pas lui qui a pris cet exemple. C'est un de ses élèves qui, pour se faire comprendre de quelqu'un, a pris cet exemple. On prend aussi parfois l'exemple d'une vache découpée en morceaux sur l'étal du boucher.

Lorsque Bouddha explique anatta

Lorsque Bouddha expose ce qu'il conçoit comme étant cette caractéristique d'absence d'en soi, il choisit une manière différente et, on s'en serait douté, remarquablement efficace. Il dit : « Il n'y a pas dans ce corps de "atta". Parce que s'il y avait dans ce corps "atta", à ce moment, "atta" aurait la possibilité de décider ou de choisir que ce corps soit ainsi ou qu'il ne soit pas ainsi. »

On retrouve cette démonstration dans de nombreux sutta. Tout au long de sa vie, il emploie très souvent cette technique pour faire comprendre cet exposé. Voici comment il procède...

Quelqu'un est convaincu qu'il y a dans ce corps une substance, un noyau, une entité, ou en tout cas que ce corps et cet esprit sont l'émanation d'un principe immuable, inconditionné et éternel.

Bouddha dit à celui-ci :

« Ce corps, est-ce qu'il est immobile, immuable ou est-ce qu'il est changeant ? — Il est soumis au changement (vieillesse, maladie, décrépitude, etc.), noble Vénérable. — Ce qui est soumis au changement, est-ce qu'il est source de plaisir ou est-ce qu'il est source d'insatisfaction ? — Ce qui est soumis au changement est source d'insatisfaction, Seigneur. — Comment ce qui est source d'insatisfaction peut-il être considéré comme notre propriété ? »

Il faudrait être fou pour garder dans les mains un charbon ardent, source de douleur. Il faudrait être fou pour garder ce corps, source de transformations et d'insatisfactions. C'est là le point particulier que Bouddha aborde dans sa démonstration sur anatta. C'est l'idée d'absence totale de contrôle. Ce n'est pas seulement l'idée qu'il n'y a pas de propriétaire, ni d'entité. C'est aussi l'idée d'absence de contrôle. anatta suggère l'absence totale de contrôle.

Par exemple, nous voudrions arrêter de vieillir. Nous voudrions garder un corps jeune, dynamique, souple et si possible beau et séduisant. Cependant, il y a un processus naturel de vieillissement qui est incontrôlable. Il n'y a aucun moyen de contrôler cela, non seulement parce qu'il n'y a personne, qu'il n'y a pas d'individu, qu'il n'y a pas d'ego, mais aussi parce qu'il est impossible de contrôler cela. Cela s'explique simplement par le fait qu'il n'y a pas dans la matière du corps, un agent qui puisse contrôler la matière. Il n'y a pas de "self-contrôle", il n'y a pas un agent d'autocontrôle. La matière ne peut pas se contrôler elle-même. Il en va de même pour le mental, il ne peut pas contrôler la matière et la matière ne peut pas contrôler le mental.

Voilà pour l'aspect un peu théorique. Essayons de voir cela d'une manière un peu plus pratique, rapportée à notre quotidien...

http://www.dhammadana.org

Bouddhisme Theravâda (la voie des anciens)

Siddhatta fut un homme qui vecu aux pieds des Himalaya, il y a plus de 2500 ans. Il trouva par lui même l'éveil total et parfait, appellé en langue Palî le Nibbâna, la fin de la souffrance due au cycle des renaissances. Le développement immense d'actes méritoires étaient parvenus à maturité, et dès lors il fut connu sous le nom de "Bouddha", "l'éveillé", possédant l'omniscience. Le Théravâda est l'école des anciens, celle qui à travers le temps a réussit à préserver le Dhamma originel du Bouddha. Etant donné l'altération profonde actuelle des enseignements du Bouddha, c'est une chance de pouvoir encore accéder à la réalité qu'enseigne le Dhamma. (Le Dhamma est : "La doctrine, l'enseignement du Bouddha, la vérité, la chose, ...")

Voici les notions principales propres au bouddhisme Théravâda.

Le samsara :

Le cycle des existences, des morts et des renaissances, la roue de la vie. Il est décrit tel une errance à travers les temps, sans début ni fin apparente. Il est régit par la loi du Kamma.

Kamma :

L'Action, l'acte. La loi du kamma est celle de rétribution des actes bénéfiques, neutres ou négatifs dans la vie présente ou les vies futures.

Les 3 caractéristiques (du samsâra) :

Trois caractéristiques conditionnent tous les phénomènes ainsi que nous même dans le cycle de la vie:

  • Anicca : l'impermanence.
  • Dukkha : la souffrance, l'insatisfaction.
  • Anatta : le non-soi, la non existence propre des choses.

Le Nibbâna :

L'extinction (du désir, de la haine, de l'illusion). Etat non-conditionné, objet épargné par anicca, dukkha, et anatta; hors du samsâra. La fin du monde phénoménal, la fin de la souffrance, le but des enseignements du Bouddha.

Les 4 nobles vérités :

La base des enseignements du Bouddha. Il a ennoncé l'existence de ces 4 nobles vérités:

  • 1. Dukkha : la souffrance, l'insatisfaction. Caractérisée par la naissance, la vieillesse, la maladie, la mort, et la renaissance.
  • 2. L'origine de la souffrance. (L'ignorance, l''attachement au monde des phénomènes, les racines du désir, la co-production conditionnée)
  • 3. L'existence de la cessation de la souffrance, le Nibbâna.
  • 4. Le sentier menant à la fin de la souffrance.

Le noble chemin octuple: Compréhension juste, pensées justes, paroles justes, actions justes, moyens d'existences justes, efforts justes, attention juste, concentration juste.

Les 5 agrégats :

Composants des êtes humains, facteurs d'attachements.

  • L'agrégat de la matière (les 5 sens : vue, odorat, goût, ouïe, toucher)
  • L'agrégat des sensations
  • L'agrégat des perceptions
  • L'agrégat des formations mentales
  • L'agrégat de la conscience.

Les 10 Kilesâs (impuretés du mental) :

  • Les vues erronées
  • Le doute stérile
  • La croyance en l'efficacité des rituels
  • Le plaisir des sens
  • L'aversion
  • La passions pour les états d'existences supérieures
  • La passion pour les spères informelles, états d'existences immatérielles
  • L'agitation
  • L'orgueil
  • L'ignorance

Magga (la voie du Bouddha) :

La Vipassana : La vision pénétrante, la vue profonde. La méditation prennant chaque phénomène observé tour à tour comme objet.

Fait d'observer et de noter mentalement toutes les apparitions et disparitions dues aux 5 agrégats, en prennant pour base le mouvement de la respiration. Se pratique dans la position assise (le dos droit et les jambes croisées), mais aussi en marche lente et attentive et dans le quotidien. C'est la seule méthode menant à Nibbâna, la libération de l'être du samsâra.

  • Satipatanna : Etablissement de l'attention.
  • Dâna : Pratique du don, de la générosité.
  • Sîla : Pratique de la vertu, de la conduite éthique.
  • Bhâvana : Développement de la concentration, de la méditation.
  • Pannâ : Connaissance transcendante.

Les 4 stades d'évolution de magga (la voie) :

  • Sotâpanna : Celui qui est entrer dans le courant.
  • Sakâdâgâmi : Celui qui ne revient qu'une seule fois.
  • Anâgâmi : Celui qui dans l'état de non-retour.
  • Arahant : Le méritant. Dernière étape de la voie de la libération, il a complètement éliminé les souillures mentales.

Les 5 préceptes du Bouddhisme :

  • S'abstenir de tuer des êtres vivants.
  • S'abstenir de mentir.
  • S'abstenir de voler, de prendre ce qui ne nous appartient pas
  • S'abstenir de relations sexuelles illégitimes, être fidèle
  • S'abstenir de boire de l'alcool, des drogues.

Les préceptes représentent la base vertueuse permettant le déveleppement de la pratique, la purification du mental, la compréhension du Dhamma. Le bouddhisme permet de se libérer des croyances aveugles, et d'abandonner un à un les attachements aux rituels, aux désirs, aux illusions, aux aversions. Soyez attentifs, soyez lucides, soyez vigilants, contrôlez vos passions, écoutez le Dhamma et prennez conscience de la réalité des trois caractéristiques et du samsâra, sortez de l'ignorance et de l'aveuglement, adoptez les quatres nobles vérités, développez les actions méritoires et persévérez dans la voie. Evitez les enseignements bouddhistes payant et ammenant la confusion, malheureusement les plus représentés en France. Ne croyez pas en les maîtres pour vous libérer mais chercher plutôt des guides de méditations (vipassana) pour y arriver, par vous même.

jeudi 15 septembre 2005

Le taoïsme

Le taoïsme est initialement une philosophie qui tire des enseignements de l'observation de la nature et des énergies vitales, où les contraintes s'engendrent et se complètent dans un mouvement infini. Ses principes de base ont notamment influencé des écoles de pensée comme le confucianisme et le bouddhisme. Tout le monde a entendu parler du yin et yang et de l'aphorisme du papillon !

Les Chinois primitifs ont d'abord connu une religion de type animiste où la nature et ses phénomènes étaient divinisés. Sur ce fond ancien s'est greffé une philosophie ou plutôt une conception du monde dont l'initiateur est Lao-zi (prononcer "Lao Tseu", c'est-à-dire "le Vieux"), contemporain de Confucius, aux Vème - VIème siècles avant J.C. ; selon la tradition, ces deux philosophes majeurs se seraient peut-être rencontrés.

Plus tard, à partir du IIème siècle de notre ère, s'est développé un taoïsme religieux avec des rituels formalisés. A la pensée de Lao-Tseu se sont adjoints pratiques ésotériques, cultes des esprits et diverses superstitions.

Au VIIème siècle, la rencontre de la sagesse taoïste et du bouddhisme indien a donné naissance au bouddhisme chan qui se répandra au Tibet et sera le précurseur du zen au Japon.

Tout comme la pensée confucéenne a durablement modelé la vie sociale et politique des Chinois, le taoïsme philosophique a profondément imprégné leur pensée spirituelle. Aujourd'hui encore, il cohabite avec des croyances populaires mais toujours avec un grand principe commun : la reconnaissance du principe des contraires.

Le principe philosophique du Tao

Tao est un mot chinois, aujourd'hui écrit dao, qui porte le sens de la voie, de chemin. Il implique aussi une idée de mouvement qui suggère de le traduire par "cours des choses". En effet, le Tao n'a ni début ni fin, il contient tout : le temps, les choses et leur contraire. Pour un taoïste, l'univers englobe chaque être dans un courant infini qui s'écoule inexorablement en équilibrant les forces opposées ; rien n'est stable ni indépendant, toutes choses sont mouvantes et interdépendantes.

L'observation de la nature révèle la dynamique des énergies vitales yin et yang, principes contraires qui ne sont pas dualistes mais complémentaires. L'équilibre de ces forces constitue le tao, il faut abandonner le raisonnement et accompagner le cours des choses en pratiquant le "non-agir", une forme de renoncement ou de contemplation qui mène à l'harmonie intérieure.

Yin et Yang

Le tao est par nature indicible, seuls les symboles permettent à l'imagination de la saisir. Les plus connus de ces symboles sont le yin et le yang. Le tai ji, cercle partagé en deux parties, yin et yang, est fréquemment représenté dans les pays imprégnés de taoïsme. Il apparaît en particulier dans le drapeau coréen. Le cercle est l'image de la sphère de l'univers, la partie supérieure est le yang, de couleur claire, la partie inférieure, le yin de couleur sombre. Le dessin fait apparaître une interpénétration du yin et du yang et donne une impression de mouvement continu sur lui-même. Le yin féminin, froid, passif, absorbant ... tandis que le yang est masculin, chaud, actif, pénétrant.

Fleurs, fruits ou animaux se répartissent tous entre yin et yang. L'art de la peinture cherche aussi à symboliser cet équilibre de la nature en combinant, par exemple, des montagnes (yang) et des nuages (yin).

Les textes classiques de la Voie

Selon Lao Tseu, il est vain de traduire le principe de Tao par des mots car il ne s'explique pas, il se ressent : la connaissance de la vrai nature des choses ne s'acquiert pas par le raisonnement logique mais s'expérimente en opérant un vide mental parfait. Les taoïstes disposent néanmoins de textes majeurs, dont le Dao-Jiu ("Classique de la voie de la vertu"), un ensemble de sentences et d'aphorismes écrits en prose rythmée que l'on attribue à Lao-Tseu. Un autre grand texte classique est le Zhuang-zi, du nom de son auteur, maître taoïste qui vécut au IVème siècle av. J.-C.

L'aphorisme du papillon

La littérature taoïste abonde en paraboles, dont la plus célèbre a pour auteur Zhuang-zi (Chuang chou) : Une nuit, il rêva qu'il était un papillon, voletant ça et là avec insouciance, et ignorant qu'il était Zhuang-zi. Il se réveilla brusquement, très surpris de se retrouver Zhuang-zi. Ne sachant plus qui il était, il se demanda : "Comment puis-je savoir si j'étais un homme rêvant qu'il était un papillon, ou si je suis un papillon rêvant qu'il était un homme?"

Cet aphorisme est fréquemment cité pour exprimer la relativité de toute chose, l'aléatoire de la réalité attachée à un moment, l'expérience intérieure du Tao comme prise de conscience intuitive et immédiate.

Le tai chi chuan

La gymnastique encore pratiquée par des millions de Chinois, le tai chi chuan, parfois nommé "combat contre l'ombre", est d'inspiration taoïste. Cet art martial dit "interne" met en application le principe du "calme dans le mouvement". Les nombreuses postures s'enchaïnent avec lenteur pour ne plus former qu'un seul mouvement continu où se réconcilient les contraires : union de l'intérieur et de l'extérieur, du haut en bas, du plein et du vide ...

Le terme « taoïsme » fait référence à la fois à la philosophie et à la religion taoïste. Sans doute plus que tout autre école de pensée, le taoïsme a contribuer à façonner la culture chinoise et extrême-orientale, et en particulier dans les domaines de la médecine et de la science traditionnelles.

La philosophie du Bouddha

La doctrine bouddhique est fondée sur les « quatre nobles vérités » formulées par Bouddha dans son sermon de Bénarès, à savoir : l’universalité de la douleur, l’origine de cette douleur, sa suppression et les moyens qui y conduisent. Ces moyens passent par un chemin spirituel en huit étapes, l’« octuple sentier », qui permet de parvenir à la libération ou nirvana. L’enseignement de Bouddha ne comporte aucune révélation. Il est le produit de son cheminement spirituel. Chaque réincarnation est déterminée par les actions de la vie antérieure.

Dans ce contexte, Bouddha dégage 4 vérités qui marquent la progression de sa réflexion :

  • Tout est souffrance dans ce monde : la naissance, la vieillesse, la maladie, la mort, l’union avec ce qu’on n’aime pas, la séparation, toute forme d’attachement ;
  • La souffrance naît du désir, qui enchaîne l’homme au cycle infini des réincarnations ;
  • La suppression de la souffrance s’obtient par l’extinction du désir, le détachement ; Le chemin qu’il faut suivre pour anéantir la souffrance = « l'octuple sentier ».
  • La quatrième vérité sainte énonce les 8 étapes de la noble octuple voie, laquelle fournit à l’homme les moyens concrets d’obtenir son salut. C’est elle qui définit l’éthique bouddhique, éthique exigeante fondée sur la compassion pour tout être, la bonté et la bienveillance. Les 8 étapes de la voie sont :
      1. Croyances justes
      2. Volonté juste
      3. Paroles justes
      4. Actions justes
      5. Façon de vivre juste
      6. Efforts justes
      7. Pensée juste
      8. Méditation juste

samedi 16 juillet 2005

Chanoyu : La Cérémonie du thé japonaise, Les quatre principes


Calligraphie de Sen Soshitsu
15e Grand Maître de l'école Urasenke

Harmonie, Respect, Pureté, Tranquilité

Wa, Kei, Sei, Jaku (harmonie, respect, pureté et tranquilité) sont les quatres principes du chanoyu tels que laissés par le maître de thé Sen Rikyu (1522-1591). Ce sont les principes que les pratiquants de la voie du thé s'efforcent d'intégrer à leur vie quotidienne. Ces principes sont le reflet de la pureté d'esprit et d'âme de Sen Rikyu. Bien que n'étant pas un vrai zengo (phrase Zen), ces quatre simples mots peuvent être réalisés après une longue pratique.

Wa - Harmonie

L'harmonie est l'idéal ultime pour les êtres humains. C'est l'interaction positive qui existe entre l'hôte et l'invité durant une cérémonie du thé ou entre plusieurs personnes dans la vie. Le thé est un partage entre l'hôte et son invité, pas une recherche solitaire. L'harmonie s'étend également à la nature et aux ustensiles tangibles du thé, ceux du quotidien et à la vie elle-même. La véritable harmonie apporte la paix.

Kei - Respect

Le respect est la capacité de comprendre et d'accepter les autres, y compris ceux avec qui nous pourrions être en désaccord. Lorsque nous sommes aimables avec les autres et humble avec nous-même, alors nous sommes dignes de respect. Durant la cérémonie du thé, lù'hôte pense à l'invité et l'invité à l'hôte. C'est ce partage continu et cette considération qui fait le succès de la réunion de thé un instant mémorable. Idéalement, tous sont du même rang dans la pièce de thé. Il est important de traiter toute chose et tout le monde avec le même respect. Traitez tous les ustensiles?? de la même manière, quelle que soit leurs origines. Le prix d'un objet ne doit pas dicter la manière dont il est traité. En purifiant son coeur il est possible d'atteindre le respect.

Sei - Pureté

La pureté est la capacité de se traiter et traiter les autres avec un coeur pur et ouvert. C'est en fait l'essence de l'entrainement à la voie du thé. Il ne s'agit pas de la propreté mais de la pureté du coeur. Avec un coeur pur, l'harmonie et le respect peuvent être atteints. Lorsque le jardin de thé est nettoyé, alors le coeur et l'esprit sont aussi purifiés. Un coeur pur n'est pas prétentieux mais naturel. L'idéal de pureté de Sen Rikyu résidait dans l'aspect naturel du jardin après qu'il fut nettoyé, avec quelques feuilles tombées d'un arbre sur la mousse fraîchement préparée.

Jaku - Tranquilité

La tranquilité est le point dans l'entraînement où le pratiquant atteint un certain niveau de désintéressement. Bien que d'un côté ce soit le but ultime, d'un autre, c'est à nouveau le commencement. Un vrai maître qui atteint ce niveau le plus élevé et qui alors met en pratique les idéaux d'harmonie, de respect et de pureté recommence alors avec un coeur frais et éclairé. À ce moment là, les possibilités infinies de la vie peuvent être réalisées.

samedi 2 juillet 2005

Koans

Un Koan est un bref poème, une énigme, un mystère, sur lequel on médite dans certaines écoles Zen, dans le but de progresser dans la voie.

Le soleil de midi ne fait pas d'ombre
On ne peut comprendre le Zen par l'intellect

Chaud, froid, c'est vous qui l'expérimentez
Pratiquez, expérimentez

La courbe ne peut inclure la ligne droite
La posture est importante

Source profonde, long courant
La compréhension devient plus profonde par Za-Zen ( méditation zen )

La grande sagesse est comme la stupidité
L'éloquence est comme le bégaiement
Il est inutile de se mettre en avant

Une seule main, pas de son
Il faut unir les contraires

Zen et thé, même goût
Calme, concentration.

Le bambou existe au dessus et en dessous de son noeud
Le zen est une voie sans impasse

Le courant rapide n'a pas emporté la lune
Toujours présent, l'ordre cosmique

Jour après jour, c'est un bon jour
L'esprit, toujours content, aujourd'hui.

La couleur des pins n'est ni ancienne ni moderne
La nature ne suit pas de mode

L'homme regarde la fleur, la fleur sourit
Le Zen est au-delà de la raison, de l'objectif et du subjectif

Quand Choko boit du saké, Rioko est saoul
Les êtres et les phénomènes sont interdépendants

Seule la haine fait des choix
Seule la haine sépare

Un silence, un tonnerre
L'alternance

Le mont Oro n'est qu'une montagne
Le lac Shieki n'est que de l'eau
L'endroit célèbre est un endroit normal
Si on s'y rend une fois, on comprend
L'illumination est l'état normal

Extrait de Taisen Deshimaru, La pratique du Zen paru chez Albin Michel

 

" Nous ne devrions pas croire à une chose

uniquement parce qu'elle a été dite,

ni croire aux traditions parce qu'elles

ont été transmises depuis l'Antiquité;

ni croire sur la simple autorité de

nos maîtres ou instructeurs...

Mais, nous pouvons mettre en pratique un écrit,

une doctrine ou une affirmation lorsque la

juste compréhension que nous en avons

et notre expérience intime les confirment.

Soyez à vous-même votre propre flambeau,

votre propre refuge... "

Bouddha

 

"N'acceptez pas mon enseignement par respect pour moi;

examinez et découvrez la vérité"

Bouddha

 

"Notre vie est éphémère,

pareille au reflet de la lune

dans la goutte d'eau

tombant du bec du héron"

Dôgen Zenji

Mushin

Esprit ou entièrement libéré.

Traduit littéralement, MU ou MUSHIN est un esprit . Cette conception ne nécessite aucune explication pour les japonais, pratiquants ou non de Kendô, qui y reconnaissent naturellement une valeur certaine car ils sont prédisposés à accepter sans aucune résistance la négation de leurs idées, voire de leur propre existence ainsi que le démontre le proverbe "un clou qui sort doit être frappé".

 


Mushin Mugamae - "Non-esprit, non-garde"
(Calligraphie par Maître Tomiki)

Cependant, la notion de MU risque peut-être d'être interprétée comme une nullité intellectuelle dans la société française fortement imprégnée de l'esprit cartésien qui serait caractérisé par une phrase de Descartes, lui-même : "Je pense, donc je suis".

En conséquence une précision s'impose.

Retour MU est un état d'esprit dépourvu de toute pensée, de toute intention et de sentiment; il s'agit d'un état d'esprit dans lequel ni soi-même, ni autrui n'existent, esprit entièrement libéré et qui ne laisse place à aucun préjugé tel que "comment attaquer l'adversaire ?", "comment empêcher son attaque ?","comment vaincre l'adversaire ?", "Comment ne pas se faire vaincre par lui ?", etc., etc. ...

Tout combattant a ou aura une expérience d'une attaque ou contre-attaque réalisée sans aucune conscience; il ne se rappelle même plus un instant après exactement comment et de quelle manière il l'a réalisée. Il s'agit bien là d'un esprit de MU. Mais hélas ! ... ce n'est qu'à des occasions extrêmement rares qu'un moment de MU survient dans l'esprit.

Il s'avère que le MU ainsi défini est l'étape ultime ou plutôt idéale à laquelle l'entraînement du corps et de l'esprit pourrait éventuellement amener le Kendô-Ka après un passage par SUTEMI, JITSU, HÔSHIN ... etc. (revoir 2, 10 et 11 respectivement).

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Mushin, le non mental, se distingue de Ushin, le mental présent. C’est-à-dire le mental qui se fixe sur un point et devient « superficiel ». Mushin, le mental originel, ne connaît pas de fixation, pas d’arrêt. C’est le non mental, qui précisément laisse pénétrer la lumière de toutes choses.

Fudoshin

FU : préfixe négatif de la langue japonaise
DO : mouvement, voie
SHIN : esprit

Cette notion exprime l’esprit dont le cours ne peut être dévié, ni arrêté. L’être humain, d’une manière générale, subit les événements plutôt qu’il ne les contrôle. Il est à la merci de ses sensations et de ses émotions. Comme un bateau sans gouvernail, il jubile ou déprime selon qu’il est sur la crête ou au creux de la vague. Même sur une mer calme, il se laisse entraîner par le courant dominant dans une direction dont il finira par se persuader que c'est lui qui l'a choisie.

C’est peut-être une image un peu sombre de notre destinée, elle n’en n’est pas moins le reflet de la vérité. Il suffit de regarder autour de soi (ou dans un miroir) pour s’en convaincre.

 

L'esprit du Kyudo, par Earl Hartman

La pratique constante, seule voie pour comprendre le kyudo.

Fudoshin - l'esprit immuable

Quand ça se produit, peurs et doutes disparaissent, qui sont remplacés par une certitude et une confiance inébranlables. L'esprit qui, au plus profond de vos os, sait vraiment que tout est bien, qu'il n'y a aucune raison de se dépêcher, d'être agité, d'avoir peur ou d'hésiter s'appelle "heijoshin", ou l'esprit de tous les jours, l'esprit qui peut faire face à tout avec calme et équanimité. On l'appelle aussi "fudoshin", l'esprit immuable, l'esprit qui est si clair et limpide que rien ne peut l'émouvoir. Puissance, énergie et vitalité extraordinaires sont déchaînées quand l'esprit est ainsi libéré. Fudoshin est personnifié par la divinité bouddhiste Fudo-Myo-O, l'Immuable Roi Lumineux, enveloppé d'un manteau de flammes et brandissant une épée et une corde pour pourfendre et attacher les maux et les illusions. Parce qu'il voit chaque chose telle qu'elle est, l'esprit immuable n'héberge ni hésitation, ni confusion, ni doute ou malhonnêteté, et donc ne craint rien. Comme une force de la nature irrésistible qui balaye tout sur son passage, cet esprit est invincible. Rien ne peut l'arrêter, et rien n'est au-delà de ses possibilités.

Fudoshin est ainsi décrit dans une strophe du Fudoshin Shinmyoroku (Registre Divin de la Sagesse Immuable) enseigné par le prêtre Zen Takuan : "La vraie tranquillité, c'est conserver un esprit tranquille alors qu'il se meut dans une myriade de directions au milieu du vacarme et du tumulte. La tranquillité dans la tranquillité n'est pas la vraie tranquillité. C'est la tranquillité dans l'action qui est la vraie tranquillité" (1).

On peut se demander ce que sont le vacarme et le tumulte dans le kyudo : le kyudo n'est il pas en effet parmi les activités les plus tranquilles. En fait le vacarme ne vient pas de l'extérieur, mais bien de l'intérieur, de la cible dans votre esprit, "agitée et tumultueuse et jamais au repos". Quand vous tirez, vous êtes toujours assaillis de doutes et de craintes qui sapent votre force et votre vitalité. "Vais-je toucher la cible et gagner la compétition ? Vais-je réussir cet examen ? Que va-t-il se passer si j'échoue ? Vais-je échouer à l'examen ou perdre la compétition ? Est-ce que mon professeur va me féliciter ou réprimander ? Suis-je un bon ou un mauvais tireur ? Qu'est-ce que les gens vont penser de moi ? Est-ce que je suis meilleur ou pire qu'untel ?" Fudoshin tranche dans la masse de ces fantômes de l'esprit, ne laissant rien subsister, comme s'ils n'avaient jamais existé. Tout ce qui reste c'est la puissance sans borne de l'esprit immuable, et l'incandescence du tir pur, la"pluie d'étincelles jaillissant du choc de l'acier sur la pierre".

J'insiste sur le fait que bien que des gens voient cet état d'esprit d'une manière exagérément romantique, il a cependant des applications très pratiques pour le tir. Cet esprit génère le tir sans faille, et le résultat de votre tir montrera clairement si vous l'avez atteint ou pas. De fait vous ne pouvez l'atteindre que par le tir, et quand vous l'atteignez votre tir est parfait.

C'est extraordinairement difficile et demande un effort extrême. Ainsi qu'il est clair dans les mots de Kaminaga Hanshi, vous ne pouvez pas espérer l'atteindre à moins d'avoir le courage de vous élever au-delà des limites du découragement, de vous absorber avec une détermination absolue dans la recherche de l'état de ishha zetsumeï, où le vrai tir se révèle de lui-même dans le muhatsu no hatsu. Ce lâcher apparemment inconscient n'est donc pas sans effort au sens où il viendrait de quelque part à l'extérieur de vous, comme un cadeau ou une grâce, ou comme la pomme qui tombe sur les genoux de Newton pendant qu'il attend, inconscient de ce qui se passe. C'est plutôt le résultat de vos efforts pour entrer dans cet état physique et mental qui permet au vrai tir de se produire naturellement. Ce qui ne peut se produire que quand vous avez le courage de faire confiance au tir, d'abandonner vos désirs qui lui sont attachés, et de "laisser faire la volonté du Ciel". C'est ce qui va créer votre symbiose avec le kyudo, où vous devenez le réceptacle de l'expression de votre art. En cas de succès vous serez naturellement en possession du calme mental, de la puissance spirituelle, de la concentration mentale et spirituelle, et de la résolution dont parle Murakami Hanshi. Puisque savoir et agir ne font qu'un, le flux naturel du tir n'est jamais interrompu et l'occasion idéale jamais manquée. Un tel tir ne manque jamais.

1. Kyudo Manual, vol IV, page 181, d'après la traduction en anglais de E.Hartman


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